Association Française de Sociologie réseau thématique 31

Catégorie Congrès › Congrès 2015

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Les résumés des communications

vendredi 6 mars 2015, par Charles-Eric Adam

Session RT 31, mardi 30 juin 2015, 9h - 10h30:

- BOUKAZOULA Fouad (Université mohamed cherif messaadia, souk ahras, algérie 41000 Laboratoire de psychologie des activités physiques et sportives)

Titre : Le sport et ses dimensions sociales : cas de la société algérienne

Le sport est une activité très importante à la pacification de la société et le progrès de l’humanité et les missions de cette activité sont les même quelque soit en pays développés ou en voie de développement. L’activité sportive est connue depuis plusieurs civilisations et malgré les différentes orientations de ces derniers, Les anciens chercheurs et éducateurs ont depuis longtemps reconnu le sport pour ses pouvoirs éducatifs. Par le biais de l’outil du sport, au quotidien, des valeurs sont transférables tels que : solidarité, fair-play, respect des autres et de soit même, santé et bien être… Cette étude a mené à illustrer qu’en Algérie le sport constitue un puissant vecteur de lien sociale et maillage du territoire. Une enquête, auprès de nombreux clubs qui sont investis auprès des jeunes de cartiers pour leurs proposer des activités sportives, a montré l’apparition du sens du collectifs, de discipline, de solidarité, de coopération et la diminution du taux de criminalité, de toxicomanie, de délinquance et a saisir la relation entre la pratique du sport et le développement social. En effet le but de ces clubs est d’amener les jeunes les plus éloignés à s’initier à des activités physiques et sportives pour améliorer le lien social. Le mouvement entre ces clubs et les associations sportives à contribuer à la réinsertion des jeunes en leur donnant la possibilité de jouer.

- TETILLON Maxime (Université du Maine – Laboratoire VIP&S (Violences, Identités, Politiques et Sports)

Titre : Le devenir des « différences » de sexe dans les sports mixtes de compétition

Dans une tradition sportive où la séparation des sexes est omniprésente, certaines disciplines (ultimate, korfbal, tchoukball, flag, touch) choisissent au contraire de réunir les hommes et les femmes. Pourtant inenvisageable dans une majorité de pratiques, la mixité viendrait-elle signifier que la vision différenciée des corps sexués – culturellement construite et à l’origine de la séparation – disparaîtrait dans les disciplines en question? Au regard des systèmes d’organisation à l’œuvre dans ces espaces, il est impossible de répondre par l’affirmative. Ce qui reste considéré comme les qualités « naturelles » de chaque sexe est toujours au fondement de la structuration du jeu. Chacun se voit attribuer une position qui tient compte des caractéristiques qui seraient « spécifiques » à son sexe. Cependant, cette vision qui catégorise et hiérarchise les sexes est parfois remise en question. Les visions naturalistes laissent parfois place à une image plus neutre du corps. Les équipes ne s’organisent plus à partir des « propriétés » sexués des sportifs.ves, mais plutôt selon compétences propres à chaque individu. Cette conception, indépendante des propriétés sexuées, a pour conséquence une renégociation des places et des rôles et tend à briser la hiérarchie traditionnellement établie. Au cœur de ces sports mixtes cohabitent donc deux conceptions du corps. L’une, traditionnelle, différencie les corps et débouche sur une répartition sexuée des rôles et de l’espace. L’autre, plus novatrice, neutralise les corps et provoque une interchangeabilité des rôles et des espaces entre les sexes.

- THURA Mathias Centre Maurice Halbwachs (CNRS-EHESS-ENS), associé au Centre nantais de sociologie (Université de Nantes)

Titre : Inscrire la tactique dans les corps : socialisation professionnelle et apprentissage par cœur et par corps

À partir d’une enquête ethnographique par observation directe au sein d’une unité de combat de l’infanterie, nous voudrions montrer comment s’opère le travail d’inculcation des gestes du combat au sein de l’armée française. En suivant l’interrogation de Julien Clément quant aux manières dont la culture du rugby passe sous la peau des joueurs samoans, nous proposons de déplacer la focale des APS pour montrer comment la « tactique militaire » passe sous la peau des jeunes soldats, engageant leur corps et leur esprit dans un long travail visant l’acquisition durable de dispositions physiques et morales bien particulières : celles considérées comme nécessaires pour faire un fantassin. Il s’agit ici de considérer la socialisation des militaires aux techniques du corps et de l’esprit militaire, ainsi que les modalités pédagogiques de transmission de ces dernières, pour saisir très concrètement comment sont produits des corps articulés avec des instruments de combat, mais aussi articulés entre eux et avec un environnement, leur permettant d’agir de concert sans se concerter, que ce soit sur un terrain de sport ou un champ de bataille.

- BORDES Pascal (Laboratoire Techniques et Enjeux du Corps, E.A 3625, UFR-STAPS Paris Descartes)

Titre : Les Para-sports comme problème sociologique.

À ce jour, seul un faisceau de traits rallie, de façon approximative et pourtant assez cohérente, les points de vue adoptés par les sciences sociales sur ce qu’est le sport. Les différentes approches relèvent toutes la nécessité d’une performance physique mettant en compétition des individus ou des équipes selon une codification partagée sous le patronage d’une institution dédiée (Parlebas,1981; Defrance, 1997; Darbon ; 2010). L’Association Générale des Fédérations Internationales de Sports (AGFIS) serait l’organisme représentatif permettant de juger de l’appartenance d’une pratique à la catégorie « sport ». Van Bottenburg et Heilbron adoptent ce critère du « système sportif international » qui leur permet de repérer des pratiques fonctionnant en marge de ces instances sur le mode de la para-sportization (2006, 266). Le propos de cette contribution est de discuter de ce terme, trop rapidement évoqué par ces auteurs. Nous avancerons une définition rigoureuse des para-sports qui, à partir du cadre théorique de la praxéologie motrice, nous permettra de caractériser précisément ces pratiques au regard des catégories « sport » et « quasi-sport » (Parlebas, 1999). Les lignes de fractures ainsi dégagées entre ces trois grands secteurs nous permettront d’envisager les éventuels passages d’une catégorie à l’autre, ainsi que l’évolution possible de la catégorie « sport », dont la forme subira vraisemblablement des transformations dans les décennies à venir.

- ZIELEZKIEWICZ Aurélien (Laboratoire 2L2S Université de Lorraine)

Titre : Les « formes de transmission » du tennis dans les clubs et leurs publics

Une modalité de pratique du tennis « dans l'air du temps » consiste à consommer ce jeu sous la coupe d'une sorte d'entraineur, et de façon plus ou moins hebdomadaire. Ceci au travers de « séances » généralement collectives, à l'intérieur de clubs aux priorités et aux modes de gestion hétérogènes. En partant d'une réflexion sur le principe de classification des « techniques du corps » de Marcel Mauss – appuyée par une étude sociographique de plusieurs années sur l'encadrement du tennis – nous tenterons de cerner l'usage de cette « relation de service » du point de vue des publics qui s'y risquent. En prenant pour critères d'analyse l'éthique liée au suivi, les contraintes de la séance, ou a contrario les différents plaisirs que le joueur est en mesure d'y vivre, on observe l'émergence de trois « publics types » (« sans-façon », « amateur », ou « performeur ») qui ne se réduisent pas à leur simples qualités techniques. La « pratique encadrée du tennis » donne ainsi lieu à des questions morales, procédurales et sensitives – induisant des formes de transmission variables, évolutives et plus ou moins « rationalisées » – .

Session commune RT 31 - RT 1, mardi 30 juin 2015, 11h-12h30

- TIA Pierre-Cédric - TIA Pierre-Cédric CPN (Université d’Evry) et CesamS (Université de Caen)

Titre : Former des footballeurs et/ou des citoyens : la redéfinition de la performance au sein d’un centre de formation de football

Le centre de formation (CdF) de football du Stade Malherbe Caen (SMC), organisation sportive faisant partie intégrante du club professionnel, a pour vocation de former des jeunes footballeurs qui pourront intégrer l’équipe professionnelle de Caen. Comme tout CdF de football, c’est une institution socialisante à l’ethos du footballeur pour les apprentis (Bertrand, 2012) mais aussi un espace de mutation l’identité sociale des apprentis vers une identité du footballeur (Juskowiak, 2011) focalisée sur la performance footballistique. De ce fait, l’encadrement sportif classique (directeur, entraîneur, kinésithérapeute, préparateur physique, diététicien et docteur) y est présent afin d’optimiser les performances de ces jeunes sportifs. Cependant, cette organisation sportive se combine avec une organisation socio-éducative particulière. En effet, si ce CdF dispose d’un directeur comme c’est le cas dans les structures similaires, la présence d’un directeur adjoint dédié essentiellement à la conduite de « la vie au centre » fait insidieusement émerger un nouveau de type de clivage professionnel au sein du CdF. Ainsi, l’opposition semble dorénavant plus entre spécialistes de la performance sportive et professionnels de l’accompagnement social des jeunes (directeur adjoint, animateurs, éducateurs spécialisés). Même si la prééminence du pouvoir de l’encadrement sportif demeure, notamment dans le choix des futurs professionnels, il n’empêche que la présence de corps de métier centrés sur une formation sociale et citoyenne de l’apprenti modifie imperceptiblement les finalités de ce CdF. Par exemple, dans le cadre de notre ethnographie, nous pouvons voir que la rhétorique des éducateurs en faveur des apprentis pouvait influencer les choix de l’encadrement sportif (prolongement de la formation, diminution des sanctions…) et du coup leur accorder plus de légitimité auprès des professionnels du football. Toutefois, l’accroissement de cette légitimation des professionnels du social semble possible seulement lorsque les arguments avancés permettent une amélioration des performances sportives in fine. Dès lors, ce qui pouvait apparaître au premier abord comme une opposition de logique professionnelle est en définitif une recomposition des caractères de la performance. Nous verrons que cette formation globale de l’apprenti (sportive et citoyenne) semble être le moyen pour le CdF d’un club dominé (Bertrand, 2014) de préparer plus rapidement les apprentis aux contraintes sportives dans lesquelles s’inscrit l’équipe professionnelle, tout en améliorant son image sociale hors de la sphère footballistique.

- HINGANT Marie ACP (EA 3350) de l’UPEM

Titre : Sport et Handicap, vecteur d’égalité des chances et gage de performance

Pratiquer un sport, c’est apprendre à s’intégrer dans un collectif, un collectif d’entreprise par exemple. Certes, le sport donne un cadre, des repères, de l’autonomie, des règles et des objectifs à atteindre. Mais sa valeur ajoutée, en matière d’insertion, tient aussi à sa capacité à mettre tous les participants à égalité, malgré parfois quelques différences. Mais de quelles différences pourrions-nous parler ? Celles liées au physique par exemple ? En effet, les déficiences physiques sont définies communément par ce que l’on appelle le handicap. En France, il existe deux fédérations qui réunissent à elles deux plus de 80 000 sportifs en situation de handicap. Mais ces athlètes, peuvent-ils travailler ? De nombreux auteurs (Blanc 2004 et 2006, Gardou 1991, Kerroumi 2007, Le Dantec 2004) notent que l’insertion des personnes en situation de handicaps physiques dans le monde du travail est insuffisante dans notre société. Les enquêtes de Handicaps-Invalidités-Dépendances en 1999, de la DARES en 2007, de l’INSEE en 2010, de l’AGEFIPH en 2011 montrent pourtant que la meilleure façon de garantir l’insertion professionnelle de ce public particulier reste l’entreprise classique où les contacts réguliers entre valides et non-valides sont sources d’enrichissement et de développement mutuel. Par ailleurs, pour tous ces acteurs, le sport est un vecteur d’épanouissement personnel (Sue et Peter, 2012). Tant sur le plan physique que mental, la pratique sportive est considérée comme une source d’équilibre personnel (Barbusse, 2009, p.15). D’après une autre étude canadienne réalisée en 2003 et publiée en 2006 , un employé physiquement actif accroit son efficacité de 12% par rapport à un employé sédentaire. Comme le soulignent Pierre et Barth (2010, p.88), le sport remplit une double fonction préventive et curative dont les bienfaits pour l’entreprise ne font plus aucun doute. Alors : Lier travail, sport et handicap ne serait-il pas une vraie opportunité pour l’entreprise ? Les managers ont-ils raison de dire que le handicap est synonyme de non-productivité ? (Kerroumi, 2007). Pouvons-nous parler de performance malgré que certaines personnes soient en situation de handicap ? Y-a-t-il une différence d’efficacité entre une personne valide et une personne en situation de handicap ? C’est à ces questions que nous tâcherons de répondre. Pour cela, nous interrogerons une trentaine de travailleurs handicapés sportifs de haut niveau et une quinzaine de managers dans une grande entreprise française du CAC 40. Ainsi, nous pourrons véritablement démontrer que le handicap et le sport sont deux termes qui se juxtaposent et peuvent optimiser un management de la diversité. En cultivant la diversité dans leurs stratégies de développement, les managers promeuvent un management responsable, concept aujourd’hui utile voire incontournable pour appréhender le vrai défi de la gestion des ressources humaines d’aujourd’hui et de demain. (Chauzal-Larguier Christelle, Murer-Duboisset Anne, 2010, p.65).

- DEAS Anaïs Université d’Artois, URePSSS, laboratoire Sherpas

Titre : Réputation et stratégies de placement : quand le discours indigène éclaire la régulation du marché

Cette communication s’intéresse au marché du basket-ball féminin des première et seconde divisions françaises. Alors que notre travail examine les mécanismes de régulation à partir d’enquêtes de terrain réalisées auprès des joueuses, cette intervention revient sur un de ces ingrédients : la réputation. Quelle est sa place dans la gestion des carrières de sportives ? Est-elle un outil consciemment mobilisé pour se positionner sur le marché ? Répondre à ces questions implique d’objectiver ce que l’on appelle les processus réputationnels. Nous verrons d’abord que « soigner sa réputation » ne constitue pas une activité clairement identifiée par les professionnelles, bien que cela soit variable en fonction de leur âge. Nous montrerons ensuite l’existence d’un transfert de réputation, positif et marqué, dans le basket-ball français au féminin : l’instance de formation qu’est l’INSEP (Institut National du Sport et de l’Education Physique) doterait en effet les joueuses sortantes d’une plus-value sur le marché du travail. Ces éléments devraient éclairer des jeux de placement propres aux joueuses et montrer le rôle qu’occupe la fédération. Enfin, la communication nous donnera l’occasion de discuter de l’usage des discours indigènes de professionnelles pour comprendre leur sort sportif. On se demandera par exemple dans quelle mesure l’analyse d’un marché du travail sportif peut se passer des discours des agents, ces tiers régulateurs inégalement distribués dans le basket-ball féminin.

- VILLE Sylvain Université Paris Ouest Nanterre et à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Titre : La lutte des rings ? La genèse du métier de boxeur professionnel à Paris dans le premier tiers du XXe siècle

Cette communication se propose d’étudier la genèse d’un secteur spécifique, celui de la boxe professionnelle, en tant qu’il a suscité des conflits entre plusieurs classes sociales : celles auxquelles appartiennent les promoteurs de ce sport d’une part et celles dont sont issus les boxeurs d’autre part. La boxe anglaise apparaît en France au passage du XIXe siècle au XXe siècle. En quelques années, elle se professionnalise ; faisant apparaître le métier de boxeur professionnel. Or, ce phénomène n’a pas été porté par les boxeurs eux-mêmes, mais par différentes catégories de promoteurs : d’une part des organisateurs de spectacle pugilistique, et d’autre part des dirigeants fédéraux. Ce faisant, les boxeurs français sont, dans un premier temps, exclus du processus visant à faire de la boxe un métier. Le professionnalisme semble même parfois se faire contre eux, dans la mesure où la réglementation accrue de l’activité a pour premier objectif de pouvoir « contrôler » et « pénaliser » les boxeurs enfreignant les règlements. Comment expliquer que la genèse du professionnalisme pugilistique se fasse, dans un premier temps, sans (et parfois contre) les boxeurs français, alors même qu’ils sont, a priori, les principaux concernés ? L’étude de leurs propriétés sociales révèle leur forte vulnérabilité et fait émerger leur position doublement dominée. D’abord, en tant que boxeurs professionnels, ces derniers se situent dans une position subalterne à celle des organisateurs ou des managers. L’étude de l’origine sociale des principaux boxeurs français du premier tiers du 20e siècle – soit une soixantaine d’individus - montre une surreprésentation de fils d’artisans et de commerçants, appartenant aux couches supérieures des classes populaires. Au contraire, les organisateurs appartiennent majoritairement aux élites économiques tandis que les dirigeants fédéraux font partie de l’aristocratie parisienne. De plus, ayant en moyenne moins de 20 ans en 1909, ces boxeurs sont plus jeunes que les organisateurs ou les managers. Plusieurs boxeurs continuent même à exercer un autre travail (artisan ou petit employé, le plus souvent), faisant de la profession de boxeur un second métier. D’un autre côté, lorsqu’ils exercent également une autre activité professionnelle, les promoteurs sont, eux, systématiquement journalistes. L’ensemble de ces éléments créent donc les conditions de leur vulnérabilité au sein de ce secteur professionnel en pleine émergence. De plus, au sein même du groupe des boxeurs professionnels, les français sont également relégués au second plan. Paris est alors un espace pugilistique accueillant beaucoup de boxeurs étrangers : environ un tiers des boxeurs sont anglais entre 1905 et 1908, tandis que plus d’un cinquième sont américains. Si les boxeurs étrangers sont supérieurs numériquement, ils sont également plus reconnus sportivement, puisqu’ils gagnent la plupart des combats les opposant aux boxeurs français. Les compétences pugilistiques des premiers sont donc érigées comme critères d’excellences à atteindre. Dès lors, par cette reconnaissance sportive, ces boxeurs étrangers sont « en droit » de contester les organisateurs et n’hésitent pas à les affronter, par voie de presse ou devant les tribunaux (ce que les français ne s’autorisent pas à faire). En s’appuyant sur des archives privées et sur des archives sportives, cette communication se propose donc de réaliser une histoire sociale de la genèse du métier de boxeur professionnel (français). Ce faisant, il s’agit de montrer que c’est la position doublement dominée des intéressés qui a créé les conditions de leur non-intervention, lors des premiers temps de la professionnalisation de ce sport.

- BERNARDEAU MOREAU Denis UPEM ACP (EA3350)

Titre : L’engagement bénévole : Une entrée par les compétences

En faisant état des enquêtes et travaux conduits ces dernières années, nous voulons souligner le lien désormais établi entre bénévolat et compétences. Nous voulons montrer comment les mutations socio-économiques se traduisent, chez les bénévoles, par une montée générale des responsabilités et des compétences. Pour illustrer nos propos, nous prendrons l’exemple du comité du Val-De-Marne de la fédération sportive et gymnique du travail (FSGT94) fort de ses 16 000 adhérents. Notre intervention au comité du Val-De-Marne s’inscrit dans un programme général de réflexion sur les évolutions du monde associatif. A la demande des dirigeants, nous avons participé à des soirées débat en présence de dirigeants d’associations et à des journées de formation avec des dirigeants départementaux salariés. En complément des nombreux entretiens (une douzaine) que nous avons menés avec des bénévoles de clubs affiliés à la FSGT94, plusieurs d’entretiens semi-directifs (huit) ont été réalisés au comité du Val-De-Marne durant l’année 2013. Notre communication se propose, dans une première partie, de relativiser le discours décliniste et désenchanté de certains acteurs associatifs en montrant que, sur le plan statistique, le bénévolat se porte bien, même si l’orientation gestionnaire et professionnelle des associations ne fait plus guère de doute. Puis nous tenterons de montrer, dans la deuxième partie, que le malaise ressenti par les bénévoles vient en partie d’une transformation des modes d’engagement, le besoin de compétences tendant à supplanter la fibre militante.

Session commune RT 31 - RT 15, jeudi 2 juillet 2015, 14h30-16h.

- LAFABREGUE Claude MCF, Centre d'Etude Sport et Actions Motrices (CesamS) EA 4260 Université de Caen Basse-Normandie UFR Staps

Titre : La pratique précoce de la gymnastique ou les petites épreuves de l'enfance

La croyance selon laquelle la prime enfance constitue une période de la vie réclamant des soins culturels et psychologiques particuliers (Chamborédon et Prévot, 1973) conduit non seulement les parents à nourrir d’autres attentes à l’égard de l’école maternelle que le simple gardiennage, mais elle les encourage aussi à rechercher toutes sortes de situations d’apprentissage précoce en dehors de l'institution scolaire afin de stimuler le développement moteur et intellectuel de leurs enfants et de faciliter leur intégration sociale. Ces pratiques de délégation partielle de l'éducation des enfants à des tiers sont parfois interprétées comme des stratégies de placement social au moyen desquelles les parents tenteraient de procurer à leur progéniture des avantages scolaires dans un horizon temporel plus lointain (Kellerhalls et Montandon, 1991 ; Dubet et Martucceli, 1996 ; Mollo-Bouvier, 1997). Indépendamment du crédit que l'on peut porter à cette interprétation, il apparaît que les institutions de prise en charge collective de l'enfance qui se sont multipliées avec l'accroissement de la présence des femmes sur le marché du travail salarié, prescrivent fréquemment des relations sociales fondées sur des normes s'inspirant très fortement de la forme scolaire (Mollo-Bouvier, 1997). Joël Zaffran (2011) en dresse une typologie dans laquelle les loisirs académiques font partie des occupations extrascolaires qui s'inscrivent le plus fortement dans le prolongement des disciplines imposées par l'école. Consacrés à l'apprentissage d'une technique, artistique ou sportive, ils sont basés sur l'acceptation d'une relation pédagogique mettant en scène des adultes et des élèves liés les uns aux autres par des règles impersonnelles et faisant appel à l'autorité d'un professeur. La gymnastique enfantine encadrée, dès l'âge de deux ans, par des moniteurs spécialisés œuvrant dans des clubs sportifs ou dans des structures municipales, où ils sont parfois salariés, en fait partie. Elle nous servira d'exemple dans cette communication. Dans ces institutions de loisir, les enfants sont placés dans un rapport dissymétrique avec les adultes qui sont chargés de faire leur apprentissage. Quel que soit le style sous lequel les moniteurs exercent leur autorité, les enfants leur doivent obéissance mais cette subordination ne les prive pas pour autant d'un pouvoir de négociation collective, qui peut se traduire par de multiples écarts, arrangements et infléchissements à l'égard des règles officielles (Montandon, 1998 ; James, Jenks et Prout, 1998 ; Garnier, 2000 ; Brougère, 2011). Les enfants ne sont donc pas démunis face à l'ordre qui leur imposé : s'ils peuvent l'épouser en adhérant aux objectifs et aux modalités d'apprentissage promus par l'institution, ils sont également capables de mobiliser des ressources leur permettant de composer avec lui ou de s'y soustraire à défaut de pouvoir le bouleverser. Pour comprendre ce qui suscite ces différentes réactions, encore faut-il prendre en compte le fait que cet ordre institutionnel ne se présente pas comme un tout homogène. Comme l'observe Isabelle Danic (2011) pour le système scolaire, la réalité sociale de la pratique de la gymnastique en club est compartimentée en raison de l'existence d'un traitement institutionnel différencié des enfants en fonction de l'âge. En passant de l'éveil corporel à la préparation des brevets puis aux compétitions départementales, les programmes changent de contenu, la hauteur des appareils s'élève, les exigences des monitrices se font tatillonnes, l'intensité de l'effort physique qui est réclamée des enfants s'amplifie tandis que la durée et la fréquence de la pratique augmentent. Bref, les divisions d'âge construites par l'institution fédérale génèrent des expériences distinctes au sein même du temps des loisirs, ce qui oriente le regard du sociologue sur les transitions parfois difficiles qui accompagnent le passage d'une catégorie d'âge à l'autre (Delalande et al., 2010). Evoluant sans cesse sous le regard d'autrui, exposés en premier lieu au jugement normatif des moniteurs, les enfants sont confrontés à l'occasion de ces expériences transitionnelles à des demandes nouvelles en termes d'habiletés motrices, d'énergie physique et de maîtrise émotionnelle qui mettent à l'épreuve leurs capacités gymniques naissantes et, au-delà, leur valeur personnelle. Forte des quelques travaux qui considèrent que la manière de faire face à ces épreuves dépend de la possibilité de chacun d'être soutenu par des autruis significatifs jouant le rôle de supports sociaux (Zimmermann, 2013 ; Zaffran, 2014), la présente communication examine la place occupée par l'entourage affectivement proche des enfants dans la suite donnée à leur carrière de gymnastes (abandon versus poursuite) - au sens que Hughes (1955) et Becker (1985) attribuent à ce terme - à l'occasion de telles transitions. Pour ce faire, elle s'appuie sur une enquête monographique réalisée dans un club du Calvados entre 2006 et 2008. Les matériaux utilisés sont tirés d'une quinzaine d'entretiens réalisés avec de jeunes pratiquants âgés au moment de l'enquête de 11 à 15 ans et ayant eu une activité gymnique précoce, de conversations qui ont été menées avec quelques parents et du témoignage recueilli auprès de la principale monitrice salariée du club. Si l'enquête pointe l'action socialisatrice impulsée explicitement ou implicitement par les parents (Lahire, 2000) et le rôle joué par le groupe de pairs constitué au sein du club de gymnastique, elle n'ignore pas la place qu'occupent les relations nouvelles qui se nouent, passée l'entrée au collègue, dans la réorganisation des activités des enfants devenus plus grands (Zaffran, 2014). La vie sociale qui se déploie au collège constitue potentiellement un foyer d'incitations à expérimenter d'autres usages du temps extrascolaire, d'autres activités de loisir via l'inscription au sein d'un nouveau groupe de pairs où se déploie une sociabilité amicale et/ou via la participation à de nouvelles activités scolaires, comme l'Education Physique et Sportive.

- FERNANDEZ Emmanuel PRAG EPS (UPJV)

Titre : Spécialisation sportive précoce et représentation du corps

L’analyse de 735 dessins d’enfants (âgés de six à huit ans) précocement spécialisés en sport ou en danse, propose d’en observer l’impact sur la représentation du corps. Ces enfants vivent dans leur chair des principes d’action qui sont susceptibles de façonner leurs représentations du corps. Les enfants sont-ils habités par le sport qu’ils pratiquent régulièrement ? Le sport façonne t-il les représentations du corps? La nécessité de construire de toutes pièces un outil de mesure s’est imposée à nous afin de répondre à ces questions. Nous savons aujourd’hui qu’il y a autant de schémas corporels que d'expériences motrices. D’où cette possible expression : “ Dis-moi quel sport tu pratiques, je te dirai quelle représentation de ton corps tu as”. Ainsi, nous formulons l’hypothèse selon laquelle il est possible de repérer des représentations du corps indexées aux pratiques motrices régulières. Ce travail de recherche propose de tenter de déterminer les structures de représentations du corps au sein de différents groupes de spécialistes qui sont à comparer. Le corpus est constitué de cinq dessins fournis par 147 enfants se dessinant dans leur spécialité et dans celles des autres. Conjointement au décryptage des dessins, une analyse de la situation motrice est envisagée. Une nouvelle typologie d’analyse de dessins fait apparaître trois axes. Le premier axe correspond à l’observation de la précision de la représentation du personnage à travers le dessin. Le second est relatif à l’activité exprimée par la présence des traits de logique interne mais aussi celle du personnage. Le troisième fait référence à l’observation du personnage dans son environnement tant physique qu’humain. De façon générale, des tendances de représentations distinctives apparaissent ; les nageurs et gymnastes trahissent leur autocentration, les judokas et handballeurs trahissent leur exocentration, les danseurs leurs représentations imaginatives et surréalistes. Ces derniers traduisent émotionnellement toute l’incertitude créatrice de la poésie chorégraphique. Les sportifs reproduisent plus docilement le milieu certain et défini de façon plus standardisée et codifiée. Une distinction apparaît donc entre les danseurs et les sportifs. Les danseurs font preuve d’une créativité qui témoigne d’un monde empli d’émotions. Les environnements sportifs certains et standardisés que les pratiquants doivent intégrer, ne correspondent en rien à celui des danseurs qui peuvent se le créer. Cette nuance résume l’impact des univers de pratique sur nos perceptions. De façon plus particulière, ce qui ressort davantage dans le profil des danseurs est une recherche d’esthétisme et d’imaginaire à travers les représentations de l’environnement, du personnage et des activités. Pour les gymnastes, nous observons une précision des aspects moteurs de la représentation du personnage humain, tant sur le plan du schéma corporel que pour l’adaptation des activités du personnage de façon assez autocentrée. Les nageurs semblent très sensibles à la précision de la représentation de certaines parties du corps mais pas dans son intégralité. Les spécialistes de judo privilégient davantage des représentations ambivalentes empreintes de circonspection. Les handballeurs seraient de multiplier les éléments extérieurs mettant en scène des personnages plus imprécis que les précédents exceptés les judokas. Ainsi, l’autocentration des spécialistes de sports psychomoteurs s’opposerait à l’exocentration des spécialistes de sports sociomoteurs. Incontestablement, les logiques internes des pratiques ludomotrices constituent une base d'enculturation. La pratique d'une spécialité permet de changer la représentation initiale du corps en une représentation plus adaptée. Cette recherche offre aux pédagogues d’éducation physique une perspective d’amélioration de l’observation de l’impact des choix d’activités sur les représentations.

- MANSALIER Nicolas Doctorant en 2ème année STAPS au laboratoire VIP&S (Violence Identités Politiques et Sport) à l’Université du Maine Titre : Le corps dans les pratiques sportives paroxystiques

Les pratiques sportives adolescentes à fortes dépenses énergétiques révèlent des usages paroxystiques du corps qui s’apparentent à bien des égards à une forme de rite de passage du statut de jeunes à celui adulte. Au cours de la pratique, les corps sont mis à rude épreuve ; les enchainements de fractions de courses lors d’une même séance d’entrainement conduisent les athlètes à régulièrement se « dépasser » voire à accepter un haut niveau de douleur. C’est pour rendre compte des raisons qui poussent ces individus en devenir à mettre à mal à ce point leur corps que nous menons en ce moment une recherche de doctorat. A ce stade de la recherche, le terrain révèle des discours d’adolescents dont l’antienne peut se résumer dans les propos suivants « ça fait mal, mais j’y retourne». Mais que signifient, à cet âge, ces atteintes au corps – visiblement normales et normalisées par la pratique fédérale ? Partant de ce questionnement et des premiers résultats, nous proposons de montrer que les douleurs acceptées et recherchées dans les courses sont – à l’instar des piercings, tatouages, mutilations et autres marquages douloureux des corps fréquents à l’adolescence –, à mettre au compte d’une quête de valeur et d’identité supplémentaire, sur le modèle de l’ordalie. Par ailleurs, ces actions douloureuses viendraient à construire un corps en pleine transformation et tenter de contenir un sentiment d’identité. En bref, se connaitre par corps.

- TLILI Haïfa et DELORME Nicolas Chercheure postdoctoral STAPS Université Paris Descartes, Laboratoire TEC EA 3625 Maître de Conférences STAPS Université de Bordeaux, Laboratoire LACES EA 4140

Titre : Recherche-Action dans les Zones Urbaines Sensibles : pourquoi les filles ne pratiquent pas de sport ?

Depuis les années 1980, l’histoire des politiques publiques sportives dans les actuelles Zones Urbaines Sensibles (ZUS), amène à penser que le sport ne contient pas de valeurs intrinsèques : il n’est pas vertueux, éducatif ou intégrateur en soi car il porte les valeurs que les pratiquants lui attribuent (Gasparini, 2005). Les politiques sportives visant principalement les garçons semblent peu efficaces globalement tout en étant peu adaptées à la population des filles (Guérandel, 2010). Alors que 51% des filles ont une pratique sportive en France, on constate que ce taux tombe à 32% dans les ZUS (Gasparini & Vieille Marchiset, 2012). Les actions ne prendraient pas assez en compte les particularités et les besoins de ces populations et s’appuieraient uniquement sur le sport dans sa version compétitive et dans une logique occupationnelle (Vieille-Marchiset, 2010). L’analyse de la littérature montre que peu d’enquêtes s’intéressent au vécu des filles qui vivent dans les ZUS et qui ne pratiquent pas de sport. Partant de ce constat, l’UFOLEP et l’Université Paris Descartes ont réalisé une recherche action dans 6 ZUS en France (Lille, Calais, Saint Ouen, Evry, Marseille et Montpellier) entre septembre 2013 et Juillet 2014. En s’appuyant sur une méthodologie qualitative (i.e., entretiens semi-directifs et focus groupes), l’objectif de cette étude était de donner la parole aux filles (n = 105) et aux acteurs locaux du monde sportif (e.g., éducateurs sportifs, professeur d’EPS ; n = 40) afin d’identifier les freins à la pratique sportive. Il s’agissait également de s’intéresser aux expériences plurielles vécues afin de déboucher sur des propositions d’actions plus adaptées aux besoins de ces populations. Les résultats montrent des décalages – parfois importants – entre les filles et les acteurs au niveau des discours et des représentations. Les filles sont conscientes de l’importance de l’activité physique. Cependant la pratique n’est pas vécue comme un moyen d’épanouissement, surtout dans un environnement qui génère de nombreuses contraintes. On observe qu’elles ont très peu de connaissances sur l’impact du sport au niveau de la santé, de la physiologie et de l’anatomie. La fatigue et la douleur sont notamment très mal vécues. Les entretiens mettent également en avant un aspect psychologique qui pourrait être un levier intéressant à exploiter. Les acteurs vont décrire les filles comme passives et subissant un ensemble de freins qui sont souvent exogènes (e.g., structuraux, institutionnels, sociaux, ou culturels). La dimension psychologique et émotionnelle des filles est peu prise en considération par les acteurs. Cet écart, entre les représentations des filles et celles des acteurs, explique en partie que les propositions (ou les formes d’activités) ne soient pas véritablement adaptées à ces populations.

- JONCHERAY Hélène et SUDRE David Maître de Conférences en Sociologie, Docteur en Sociologie.

Titre : La socialisation sportive dans une pratique territorialisée. Le cas des jeunes joueurs de rugby à XV en France

Le rugby présente, au regard des autres sports massivement pratiqués en France, un trait distinctif, dans le sens où il a toujours semblé posséder, voire revendiquer, des particularités liées à son implantation géographique. Son emprise spatiale est, ainsi, reconnue pour être très importante dans le Sud-Ouest. Plusieurs études (Mathieu & Praicheux, 1987 ; Augustin, 1985, 1995 ; Augustin & Joncheray, 2007) ont montré que le rugby concentrait en effet ses effectifs dans la partie méridionale de l’Hexagone. Mathieu et al. expliquent que « l’effet midi renforce la coupure de la France en deux ensembles géographiques bien individualisés. De part et d’autre d’une ligne Le Havre – Marseille s’opposent une France de l’Ouest à forte pratique et une France de l’Est où elle s’exprime avec plus de discrétion » (Mathieu D., Praicheux J. & Volle J.-P., 1992, p. 4). Là où les autres pratiques sportives voient leur développement se propager de façon plus homogène sur l’ensemble du territoire, le rugby conserve, de façon prononcée, son caractère régional : « le rugby reste fortement implanté dans les bastions du Sud et notamment dans les villes moyennes où il participe à la vie sociale, économique et politique de la communauté » (Augustin, 2007, p. 63). Toutefois, le rugby n’est pas le sport le plus pratiqué dans cette partie de la France. Haumont (1995, pp. 51-52) précise que le premier rang revient au football mais que : « cette région était celle où l’on observait le rapport numérique le plus élevé entre l’effectif des pratiquants du rugby et l’effectif des pratiquants de tous les autres sports ».

Si l’histoire du rugby peut expliquer sa diffusion, nous nous posons la question des incidences possibles sur l’engagement des jeunes joueurs en fonction des territoires. En d’autres termes, nous nous demandons si les modalités d’accès à la pratique sont différentes en fonction des régions, si les jeunes joueurs du Sud-Ouest, habitant dans une région dite à « forte pratique », présentent des caractéristiques sociales distinctes de celles des autres joueurs de rugby du même âge, si leurs représentations du rugby et les significations qu’ils lui donnent constituent des éléments facilitateurs de leur engagement.

Les résultats montrent que la spécificité territoriale semble avoir peu d’influence sur la socialisation sportive des joueurs. Et, lorsque des différences sociales sont relevées entre certaines régions, elles ne sont pas distinguées en fonction du caractère dit rugbystique ou non du territoire.


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Appel à communication RT 31 - Sociologie du sport

jeudi 4 décembre 2014, par Charles-Eric Adam

Congrès de l’AFS de Saint Quentin en Yvelines « La sociologie une science contre nature ! » Du 29 juin 2015 au 2 juillet 2015

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