INTRODUCTION

Le 27 août 1995, les dirigeants de l’International Board décidaient d’annoncer « officiellement » l’entrée du rugby à XV dans « l’ère professionnelle ». Cette décision ne manqua pas de susciter de vives réactions dans le monde rugbystique, en particulier en France, cette évolution s’apparentant plutôt dans ce cas à une véritable révolution. Déclarer le rugby comme une pratique sportive professionnelle constituait une véritable négation de l’ethos amateur et de la gratuité de l’engagement, principes « historiques » perçus comme fondateurs de l’activité par bon nombre de ses adeptes (Collins, 1998). La « diabolisation » systématique de la professionnalisation par les plus conservateurs traduisait des inquiétudes concernant à la fois le mode d’organisation de la pratique (et d’une certaine manière la redistribution du pouvoir au sein de la « famille rugby » ) et la pérennisation de sa dimension symbolique (et pour ainsi dire « identitaire »). En effet, durant plus d’un siècle, les caractéristiques historiques, techniques et symboliques du rugby à XV lui ont permis de se construire un statut particulier dans l’espace des sports français. L’âpreté des contacts physiques entre les joueurs , leurs fréquentes dérives « brutales » comme la célébration de leur « amateurisme » lui octroient régulièrement dans la littérature (et l’imaginaire collectif) les qualificatifs de « fief de la masculinité virile » ou de « dernier bastion de l’amateurisme » . Particulièrement implanté dans le Sud Ouest au point d’en devenir une pratique culturelle emblématique, le rugby y est souvent perçu tel une « conservatoire des forces et des vertus paysannes » (Pociello, 1983), expliquant par là même son succès dans les campagnes de cette région de France . Le mode de diffusion « régional » sur le plan national de la pratique renforce son caractère « territorialisé » en autorisant de nombreux derbys propres à exacerber « l’esprit de clocher ». Il va également de soi que ce fort ancrage territorial s’objective également dans le recrutement à la fois de joueurs, dirigeants, spectateurs majoritairement issus du « local ». Les caractéristiques de l’activité ont par ailleurs contribué à développer des « sociabilités » spécifiques entre les adeptes du jeu articulées autour de ses valeurs « originelles » (engagement collectif et désintéressé, goût du combat dans le respect de l’adversaire, respect du club et par extension du « local », homosociabilité exacerbée par certaines pratiques festives [3ème mi-temps] etc.) établies en véritable « art de vivre » (Darbon, 1995, 1997). Elles favorisent la mise en place de réseaux relationnels locaux puissants entre les sphères sportives, économiques et politiques (Augustin & Garrigou, 1985). A ce titre, l’emploi de la terminologie « famille du rugby » pour désigner les acteurs du milieu partageant cette « vision du monde » illustre de manière exemplaire cette observation (Saouter, 2000). On comprend dès lors les inquiétudes générées dans la « famille du rugby » par le basculement de l’activité dans le professionnalisme comme l’illustre les propos de Bernard Lapasset, Président de la Fédération Française, à la vieille de l’annonce de cette évolution : « Qu’est ce qui a valorisé notre image en rugby ? Nous étions différents des autres sports, par notre culture, notre esprit. C’est cela qui a attiré vers nous de grosses entreprises, des acteurs importants du monde économique. Il faut conforter ce patrimoine, cette différence, malgré les pressions extérieures et médiatiques notamment » (Le Monde du 23/08/1995). Le propos est donc ici de dresser un « état des lieux » de la pratique en France une dizaine d’années après l’instauration officielle du professionnalisme afin notamment d’évaluer l’impact des principaux changements structuraux (économiques, règlementaires, organisationnels) à la fois sur la dimension symbolique de l’activité et par extension sur le mode de socialisation des joueurs.

Le rugby français d’élite : dix ans après la professionnalisation

La véritable opérationnalité du professionnalisme dans ce milieu historiquement réfractaire à l’idée de rémunérer « officiellement » ses élites ne s’observa pas en France dès « l’annonce révolutionnaire » des instances dirigeantes du rugby international (International Board). La tradition « amateur » et son caractère fondateur de la discipline rendirent délicate une brutale transition . En effet, le principe du financement occulte des acteurs (l’amateurisme marron) n’implique pas une économisation du milieu (autrement dit une relation forte entre la sphère économique et la sphère sportive), il agit telle une compensation et renforce les réseaux locaux et les jeux de pouvoir. On comprend alors que le processus de professionnalisation heurte des stratégies de bon nombre d’acteurs locaux (dirigeants, hommes politiques etc.).Le processus de professionnalisation et l’économisation du jeu qu’il implique amène une certaine « transparence » sur le plan de la gestion financière et « humaine » des clubs en établissant la notion de contrat, en spécialisant les rôles des acteurs (joueurs, techniciens mais également dirigeants) et en éclaircissant les modalités de gestion des clubs. Ces « aménagements » structurels expliquent en grande partie l’hypocrisie cultivée dans le milieu dans la mesure ou la professionnalisation bouleverse les situations acquises . Il fallut donc attendre la fin des années 90 pour véritablement ressentir le basculement du rugby d’élite hexagonal dans le professionnalisme et ses exigences en terme de rationalisation. Cette « tendance à rationaliser » s’observe en premier lieu chez les acteurs du terrain (joueurs et entraîneurs) pour qui la pratique du rugby est désormais une activité professionnelle à part entière engendrant des devoirs envers des clubs devenus désormais « employeurs » (obligation de moyens et de résultats). La quête d’une efficacité maximale (individuelle et collective) ne peut se soustraire à une volonté d’optimisation de la préparation des rencontres (planification de l’entraînement, travail spécifique selon les postes et les phases de jeu etc.) . Dans ce cadre, le joueur se positionne donc comme un élément d’un marché concurrentiel internationalisé ce qui a pour conséquence d’augmenter considérablement sa mobilité (Fleuriel, 2000 ; Chaix, 2003) . Par ailleurs, cette rationalisation de l’entraînement a conduit à une évolution des morphotypes des joueurs. Les images du joueur « avant » rondelet dédié aux tâches obscures et du « trois quart » filiforme maître dans l’art de l’évitement laissent aujourd’hui la place à celles d’athlètes sculpturaux et polyvalents sur le plan technique afin de s’adapter aux formes de jeu actuelles valorisant la vitesse et la percussion. Car en effet, les mutations engendrées par le professionnalisme au niveau des joueurs ont bien évidemment des répercussions sur la « forme » de jeu produit. La mobilité accrue des cadres techniques et des joueurs, le décryptage systématique (et approfondi) des phases de jeu de l’équipe comme de celles de ses concurrents génèrent une certaine uniformisation des styles. La dimension athlétique des joueurs et l’évolution des morphotypes selon les postes ont accentué la vitesse du jeu. Parallèlement à l’éradication des attitudes trop brutales, on observe une nette diminution des phases statiques, des libérations de balle plus rapides et une importance grandissante du « jeu au pied » (gain de terrain, replacement défensif, jeu « dans le dos » du rideau défensif etc.) . Cet « effort » va dans le sens d’une amélioration de la lisibilité du jeu, caractéristique quasi-obligatoire dans l’optique de présenter un « produit » attrayant et de fidéliser un public « profane ». Les aptitudes d’une formation à défendre sans commettre de fautes constituent à présent une composante essentielle à la victoire, l’expertise actuelle des « buteurs » (jusqu’à parfois 60 mètres des buts) sanctionnant bien souvent au niveau du score les erreurs défensives. Dès lors, le « style de jeu » pratiqué se rapproche de celui du « frère ennemi » treiziste. A ce niveau, il semble pertinent de souligner qu’après avoir longtemps œuvré pour l’interdiction du jeu à XIII (Fassolette, 1996), le modèle professionnel du rugby à XV s’inspire aujourd’hui de l’expérience treiziste en la matière. Enfin, la professionnalisation du rugby français est synonyme de modifications structurelles au niveau des clubs. Comme nous l’avons esquissé auparavant, l’économisation croissante dont fait l’objet l’élite rugbystique a modifié l’organisation des clubs et leur gestion (Fleuriel, 2000 ; Chaix, 2003). Le mode d’organisation « patriarcal » autour de figures historiques (« les gros pardessus » dans le jargon rugbystique) particulièrement influentes caractérisant le rugby de la période pré professionnelle est progressivement remplacé par des équipes dirigeantes plus diversifiées (incluant parfois des acteurs extérieurs à la « famille rugby ») au sein desquelles on observe une grande sectorialisation (président, responsable marketing et communication, gestionnaire, manager général etc.) à l’image du monde de l’entreprise dont sont issus bon nombre de ces « nouveaux décideurs ». Aussi malgré sa forte inscription locale et sa grande sensibilité « historique » autour de la question de la professionnalisation, le rugby à XV français a paradoxalement entamé une mutation radicale et rapide. En effet, en dépit du caractère « officiel » récent de sa professionnalisation, le rugby à XV occupe à présent la seconde place au rang des disciplines les plus médiatisées dans l’hexagone. Les clubs d’élite évoluant dans le Top 16 (et désormais Top 14) disposent de budgets conséquents (en moyenne 2 fois supérieurs à ceux de leurs homologues du basket-ball) leur garantissant une grande compétitivité à l’échelon européen et des possibilités élargies en matière de recrutement . A titre d’exemple, les deux finalistes de l’édition 1995 du championnat de France, Toulouse et Castres affichaient respectivement à cette date des budgets s’élevant à 2 et 1,5 millions d’euros, le salaire moyen des joueurs gravitant autour de 4000 euros par mois. Dix ans plus tard, le Stade Toulousain peut afficher un budget de 17 millions d’euros tandis que le budget de Castres avoisine 9 millions d’euros. Le salaire moyen des joueurs est bien évidemment revu à la hausse, entre 7500 et 9000 euros voire jusqu’à 30000 euros pour certains joueurs « vedettes » (internationaux français et autres stars britanniques ou de l’hémisphère sud - Chiffres Lettre de l’économie du sport, 18 mars 2005). La quête d’un élitisme certain qui s’exprime dans la mise en place de formules de championnat aux nombres de clubs toujours plus réduits (16 clubs puis 14) accroît cette nécessité de professionnalisation. Elle assure en outre des affrontements de qualité et génère des affluences croissantes dans les stades (plus de 6000 spectateurs de moyenne pour l’exercice 2003/04 - Chiffres OSP). Afin de pouvoir défendre leur place au sein de cette élite resserrée, les clubs sont nécessairement conduits à accentuer leurs efforts en terme de structuration et de gestion, le soutien financier de mécènes importants (Fabre à Castres, Cap Gémini à Biarritz, Martinet à Bourgoin, Michelin à Clermont etc.) devenant quasi nécessaire à une éventuelle réussite. Progressivement, l’élite du rugby français a donc, logiquement pourrait-on dire, vu disparaître les clubs de villages et plus généralement de petites villes au profit de ceux des villes moyennes aux bassins économiques plus importants. La seule nuance sur le plan strictement sportif formulable jusqu’ici à l’encontre de ce nouveau « visage » du rugby à XV français pourrait résider dans le manque de compétitivité de certaines formations, qui en dépit du déploiement d’efforts de structuration conséquents, ne peuvent réellement rivaliser avec les « poids lourds » du TOP 16 (et TOP 14) que sont aujourd’hui Toulouse, Paris, Biarritz et à une moindre échelle Castres, Bourgoin, Montferrand et Perpignan (ces 7 clubs regroupant la majorité des joueurs internationaux français). On assiste dès lors à la constitution d’un « club fermé » de prétendants au titre, les ténors manquant rarement à l’appel lors des phases finales (Biarritz, Toulouse et le Stade Français Paris se partageant les honneurs depuis une dizaine d’années). Pour les autres, l’objectif prioritaire reste donc de ne pas être reléguer en Pro D2 (échelon inférieur) la saison suivante. A ce niveau, le rugby à XV a donc là aussi en quelque sorte « rattrapé » ses homologues plus précocement professionnalisés du football et du basket-ball, disciplines dans lesquelles la puissance économique de certains clubs leur permet de s’inscrire dans la durée parmi les formations « phares » (Lyon, Marseille, Monaco, PSG en football, Pau-Orthez et Villeurbanne en basket-ball). On note par ailleurs que dans le cadre du rugby, cette logique est renforcée par les évolutions récentes du jeu et sa rationalisation croissante qui « interdisent » la confrontation entre des formations de niveaux très éloignés par mesure de sécurité, les victoires des plus faibles sur les plus forts se faisant de toute manière extrêmement rares contrairement à ce que l’on peut régulièrement observer en football (la compétition de la Coupe de France constitue à ce niveau une illustration caractéristique). Aussi, compte tenu des évolutions profondes et rapides connues par le monde du rugby français, il convient de s’interroger sur leur « degré de résonance » au niveau des joueurs et de leur construction identitaire puisqu’il semble évident que la socialisation rugbystique telle que l’on pouvait l’appréhender jusqu’au début des années 2000 s’avère désormais difficilement compatible avec l’orientation résolument professionnelle de la discipline.

Méthodologie

Dans la perspective d’objectiver l’évolution « multidimensionnelle » du « monde du rugby » d’élite en France, une série d’entretiens furent menés avec diverses catégories d’acteurs appartenant à la « famille du rugby » dans la région béarnaise (sud-ouest de la France), espace géographique au sein duquel la pratique est particulièrement implantée et « structurante » de l’espace des sports local. Le corpus final regroupe 49 entretiens (d’une durée de 45 minutes en moyenne - le plus ancien datant de 2002) réalisés avec des joueurs professionnels du club de la Section Paloise (17 entretiens avec des joueurs aux statuts différenciés : internationaux, « locaux », étrangers), des joueurs licenciés dans des équipes « amateurs » (8 entretiens), des jeunes rugbymen évoluant au sein d’équipes « juniors » (10 entretiens), des dirigeants et entraîneurs (8 entretiens) et enfin des « groupies » (pour reprendre la terminologie employée par Anne Saouter - jeunes filles qui suivent assidûment les équipes locales, 6 entretiens). L’ensemble des entretiens, après avoir été intégralement retranscrit, fit l’objet d’une traitement thématique De manière complémentaire, une lecture régulière de la presse locale et de la « presse rugby » fut entreprise ainsi qu’un collectage de données iconographiques (publicité notamment).

Thèmes traités durant les entretiens (adaptés selon le statut de l’interviewé) Trajectoire personnelle et trajectoire « rugbystique » / Rapport au « jeu » et à ses évolutions techniques et règlementaires / Importance de la sociabilité familiale dans le développement du « goût » pour l’activité / La « sociabilité rugbystique » (rapport « collectif/individu », valeurs véhiculées, pratiques culturelles environnantes (fête, sorties, spectacles etc.) / Perception du métier de rugbyman professionnel (contraintes, exigences, « rapport au club » etc.) / Relations entre « pros » et « amateurs » / Traitement médiatique de la discipline / Rugby et masculinité (« rapport au corps » des pratiquants et des « amatrices », appréciation du calendrier des « Dieux du Stade »)

Sociabilité, usages et pratiques dans le monde du rugby professionnel : de la déviance à la conformité

Il s’agit dès lors de montrer que les profondes évolutions inhérentes à la professionnalisation du rugby ont eu des répercussions notables sur sa dimension symbolique et sont à l’origine de la construction de « nouvelles » normes et de nouveaux usages au sein de l’espace, bien souvent en totale rupture avec les comportements prônés par le passé. L’emploi récurrent au cours des entretiens de la terminologie « rugby à papa » ou encore « rugby à l’ancienne » exprime de la part des acteurs la reconnaissance d’un changement de logique et de fonctionnement. Ces termes renforcent d’une certaine manière l’idée selon laquelle le modèle « professionnel » actuel fait aujourd’hui référence, faute de faire l’unanimité. Au niveau des joueurs, des cadres techniques et de la plupart des dirigeants, les comportements antagonistes avec les exigences du modèle professionnel (hygiène de vie « aléatoire », troisième mi-temps particulièrement « alcoolisées », brutalités répétées sur le terrain, manque de sérieux lors des entraînements etc.) sont désormais sévèrement sanctionnés. Ainsi, il n’est pas rare que des comportements « brutaux » qui affaiblissent l’équipe au cours d’une rencontre (délivrance d’un carton jaune ou rouge synonyme d’exclusion temporaire ou définitive d’un joueur) soient passibles de sanctions financières à l’intérieur des clubs d’élite. Au cours de la période « amateur » de la pratique, ces « écarts » pouvaient être en partie considérés comme inhérents à « l’identité » du rugbyman (la fameuse « boîte à gifles »). Ces particularités, peu communes dans le sport de haut niveau, participaient en quelque sorte à l’affirmation d’une culture spécifique. L’adoption de ces usages était conforme au modèle de référence. Dès lors, les joueurs qui n’étaient pas en phase avec « ce que doit être le rugby » durant cette période pouvaient être considérés comme marginaux. De la même manière, ceux qui ont adopté précocement une conception professionnelle de la pratique (rationalisation de l’entraînement et des choix de carrière) étaient susceptibles d’être mis à l’index par le reste de la « famille ».

Du groupe à l’individu

Quand le rugby « amateur » célébrait le groupe, le rugby professionnel « individualise » l’entraînement et la préparation des rencontres. Ce processus d’individualisation de la performance trouve un écho notable dans le mode de médiatisation de la discipline, le développement d’approches « magazines » participant à la « starisation » de certains joueurs à l’instar de ce qui peut être observé dans le football ou le basket-ball.

Sur le terrain : éloge de la rationalisation

La quête de l’efficacité maximale, à la fois individuelle et collective, a des conséquences sur les morphotypes des joueurs pour qui la polyvalence technique constitue désormais un maître mot. On assiste dès lors à des évolutions comportementales sur le terrain, notamment en ce qui concerne le « jeu dur », souvent synonyme de sanctions et de pénalisation au score (les sanctions pouvant être exécutées durant la rencontre mais également après l’affrontement notamment grâce à la vidéo). Notons que ce recours à une certaine violence constituait une caractéristique majeure de la discipline et faisait parfois partie intégrante du « style de jeu » de certaines formations.

Le rapport au club : une « famille » devenue employeur

L’appréhension du club perçu comme une « famille » a évolué, logiquement pourrait-on dire, vers une conception plus « professionnelle » du rapport au club. Dans ce contexte, la fidélité au club auparavant prônée ne constitue plus la conception dominante dans la corporation des joueurs et entraîneurs. Ainsi, l’instauration d’une logique marchande comme élément de régulation du « rapport au club » contraint les joueurs à adopter des comportements autrefois sévèrement critiqués. Quelles que soient les expériences partagées avec le club, ce dernier est désormais appréhendé comme une institution de « passage », les exigences du professionnalisme amenant les acteurs à intégrer la mobilité comme élément central de leur activité. A l’instar des propos tenus par des joueurs de basket-ball ou de football, les joueurs évoque désormais leur statut en terme d’obligations envers le club, son employeur, et les spectateurs (voire plus largement la communauté locale) dans un espace régi par des impératifs « sportifs » (obligation de résultats) et économiques.

La « sociabilité rugby » : entre résistances et évolutions

Le joueur « moderne » doit adapter ses conduites pour être en phase avec le modèle désormais conforme et ne pas être qualifié de « déviant ». Tout se passe comme si, pour les joueurs socialisés dans la période professionnelle du jeu, la fréquentation de joueurs plus âgés éprouvant certaines difficultés à se mettre en conformité avec les usages du professionnalisme renforçait leur propre détermination à ce niveau. Ainsi, la confrontation permanente avec des pratiques festives désormais bannies parce qu’incompatibles avec l’hygiène de vie d’un professionnel facilite le développement d’un sentiment d’appartenance à une autre catégorie. Sans critiquer violemment le mode de fonctionnement de certains de leurs aînés qu’ils respectent beaucoup, ils soulignent néanmoins que leur statut actuel est incompatible avec ces pratiques caractéristiques d’une autre époque rugbystique. Une telle approche de l’activité conduisait il y a encore quelques années à un certain isolement dans le groupe. Aujourd’hui, ces comportements sont majoritaires au sein des équipes. Le mode de déroulement de l’après match est un indicateur pertinent de l’état de développement du club par rapport au processus de professionnalisation. La « troisième mi-temps » a toujours été considérée comme une des caractéristiques symboliquement très puissante du rugby au-delà du jeu, c’est-à-dire l’expression la plus achevée de sa différence à l’égard des autres disciplines collectives. La volonté de voir s’y exprimer une certaine convivialité « masculine » et « virile » (bien souvent autour de la consommation de boissons alcoolisées) n’était pas occultée. Le foyer du club ou un bar proche du stade étaient généralement les lieux consacrés à cette pratique. Comme le note Anne Saouter (2000), ce moment « privilégié » s’étire parfois jusque tard dans la soirée engendrant une évaporation progressive des participants, ce qui permet à certains « initiés » (certains joueurs, dirigeants et supporters) de donner libre cours à des excès plus prononcés. La présence de « notables » (responsables politiques, chefs d’entreprises, « mécènes » locaux etc.) (Augustin et Garrigou, 1985) de la ville lors des « troisièmes mi-temps » constitue le trait d’union entre les périodes « amateur » et « professionnelle » du club. La différence majeure entre les deux époques réside à ce niveau dans la proportion de notables présents dans la réception d’après match, indicateur de l’économisation croissante de la discipline. Ils y sont aujourd’hui majoritaires au sein des participants. Les supporters fidèles ont été progressivement remplacés par les collaborateurs des institutions partenaires du club dont la « culture rugby » (expertise technique et connaissance des « usages rugbystiques ») est souvent plus limitée que celle des supporters. A l’instar des observations formulées par Smith (2001), cet engouement des « hommes d’affaires » (corporate hospitality) et l’émergence de « nouveaux supporters » peut être mis en relation avec la relative aseptisation (sanitized) des « attitudes partisanes » dans les stades. Tandis que les exigences de la majorité des spectateurs sont exclusivement sportives (résultats et style de jeu pratiqué), celles des partenaires obéissent la plupart du temps à une logique économique. Dès l’instant où le jeu n’est plus l’unique sujet de conversation au cours de l’après match, son déroulement s’en trouve modifié. Le caractère professionnel et contractuel de cette situation rappelle aux joueurs leur statut et les contraintes qui en découlent. Aussi, la modification du statut du jeu et du fonctionnement des clubs en relation avec l’évolution de la conjoncture rugbystique transforment complètement les fonctions de l’institution et par là même exigent des modifications du comportement des joueurs. Cette transformation du fonctionnement du club et de la succession des différents « moments » (entraînements, matchs, réceptions, campagnes de promotion etc.) induit des types de socialisation différents. Les transformations institutionnelles provoquent progressivement, pour les jeunes joueurs, des transformations dispositionnelles générées par cette périodisation qui favorise l’émergence d’une logique unique et centrale : le professionnalisme. En ce sens, les règles institutionnelles s’imposent à tous les acteurs, façonnent leurs comportements et peuvent aller jusqu’à exclure ceux qui n’acceptent pas ces contraintes en relation avec l’émergence de ce que l’on pourrait qualifier de morale professionnelle. D’une certaine manière, certains acteurs (notamment les collaborateurs des partenaires économiques du club et certains dirigeants) agissent comme des « entrepreneurs de morale » (Weber, 1920 ; Becker, 1985) par l’intermédiaire de l’éthique du professionnel. On peut penser que dans ce cadre, la socialisation de certains joueurs dans des conditions antérieures (période « amateur ») rend difficile, voire impossible, l’adaptation à ces nouvelles contraintes tandis que des jeunes joueurs socialisés dans des centres de formation « modernes » auront moins de mal à accepter ce type de contraintes. La frontière autour de cette éthique ne passe pas seulement entre dirigeants ou partenaires économiques du club et joueurs mais peut également s’instaurer entre certains joueurs en terme de génération et de rapport au jeu. Aujourd’hui, les soirées d’après match instaurent une convivialité « de circonstance » qui agrègent des acteurs qui n’appartiennent pas tous au milieu du rugby et qui ont finalement des « rapports au rugby » stratégiquement très différents. A l’instar des observations faites dans le cadre du basket-ball masculin palois, le passage par la réception d’après match fait désormais partie des obligations contractuelles du joueur professionnel. Leurs comportements se doivent, dans ce cadre, d’être conformes à l’image d’un sportif professionnel ce qui exclut les débordements caractérisant parfois les « troisièmes mi-temps » de la période pré professionnelle. Les entretiens menés auprès des joueurs confirment que l’image du « rugbyman fêtard » est désuète, les moments festifs se font donc de plus en plus rares. L’incompatibilité de ces pratiques festives avec les exigences physiques et corporelles de l’évolution du jeu et du calendrier étant régulièrement évoquée par les joueurs. L’abandon progressif, voire parfois la stigmatisation, de cette pratique pourtant longtemps structurante de l’identité rugbystique illustre de manière exemplaire la mutation du milieu. A ce niveau, l’expression d’une éventuelle nostalgie de la part de certains joueurs traduit bien souvent des difficultés à s’adapter à leur nouveau statut et à accepter l’économisation croissante dont fait l’objet leur discipline.

Rugby professionnel et Masculinité

Les évolutions organisationnelles, économiques, techniques, médiatiques, symboliques et éthiques du « monde du rugby » ont, logiquement, une certaine résonance sur la question du rapport entretenu par la pratique avec la notion de « masculinité ». Ainsi, les images actuelles du rugbyman n’ont plus grand-chose en commun avec celles de mises avant la période de professionnalisation. Comme nous l’avons précédemment évoqué, les exigences « physiques » de l’activité ont conduit les joueurs de haut niveau à repenser leur « rapport au corps », devenu un « outil de travail » à entretenir et renforcer. Dans ce cadre, la pratique de la musculation fait désormais partie intégrante de l’entraînement au même titre que l’adoption d’une hygiène de vie adaptée (en particulier sur le plan de la diététique). Cette « nouvelle façon » d’appréhender l’activité a entraîné des modifications corporelles importantes, le corps du rugbyman se rapprochant de celui du culturiste dans sa présentation. Nous sommes aujourd’hui bien éloigné des images du joueur rondelet, prônant un « style de vie » épicurien, souvent peu soucieux de son apparence corporelle. Cette « nouvelle image » du corps des joueurs se développe en synergie d’une part avec l’augmentation de lavisibilitéde la discipline sur le plan médiatique et d’autre part avec l’évolution des « canons de la masculinité » actuels au niveau sociétal. A ce propos, l’évolution des appréciations concernant le calendrier des Dieux du Stade dans le milieu rugbystique est assez exemplaire. Lors de sa première parution en 1995, ce calendrier initié par Max Guazzini, président moderniste du Stade Français CASG, suscita un certain émoi dans le milieu. Directement inspiré dans sa présentation de l’imagerie gay, l’ouvrage artistique se compose de photographies de certains joueurs du club intégralement dénudés dans des postures sexuellement suggestives. Cette mise en scène « érotisée » du corps du rugbyman fut « froidement » accueillie par une majorité de membres de la « famille du rugby » (et particulièrement par les anciens) voyant là une transgression symbolique difficilement acceptable. Cependant, le succès commercial du projet fut incontestable notamment auprès des femmes et de la communauté homosexuelle. « Certains autour de moi ont eu une réaction virulente à la sortie des premiers calendriers... du style, ça y est, on va nous prendre pour des « p... » et puis je crois que quand ils ont réalisé l’engouement autour du truc et l’image que ça donnait auprès des filles, la question ne s’est plus posée. Regarde, aujourd’hui, si t’es pro et que tu n’as pas posé dans le calendrier... c’est que t’es naze, les gars se battent pour y être ! » (Steven, 20 ans, joueur de rugby amateur) « Je me souviens quand le calendrier est sorti... mon père et mon grand-père, deux anciens joueurs, ils ont crié au scandale, ils disaient que ça dévalorisait le rugby, que ça nous faisait passer pour des « p... ». Aujourd’hui, on en a deux exemplaires à la maison... et en plus on ne les cache pas ! (rires) » (Eric, 17 ans, joueur de rugby amateur) Dix ans et autant de versions plus tard, l’objet a pris une toute autre dimension. Les joueurs du Stade Français ne sont désormais plus les uniques « modèles » affichés, plusieurs joueurs de clubs concurrents ainsi que des vedettes du sport hexagonal dans d’autres disciplines (athlètes, footballeurs etc.) acceptant de participer à la réalisation d’un projet artistique dont la parution génère chaque année un certain affolement médiatique. Parallèlement, la parution des Dieux du Stade ne fait plus (ou peu) débat dans la famille du rugby, la démarche semblant être « assimilée » à une pratique en quelque sorte intrinsèque au milieu professionnel. « Le calendrier du Stade Français, c’est le cadeau à la mode des fêtes, on en vend à des minettes, des hommes qui veulent faire plaisir à « Maman » (rires), des homos... les 20 exemplaires que l’on a reçu ce sont vendus en une mâtinée ! » (Vendeur du Parvis, espace culturel Leclerc Pau, décembre 2005) « Les Dieux du Stade, c’est un bon coup de pub pour le rugby et les rugbymen. En fait ça permet de montrer à tout le monde, et surtout aux filles (rires), que c’est au rugby qu’on trouve les plus beaux... c’est fini le temps des grassouillets, moi je fais 4 heures de muscu par semaine et dans l’équipe, je ne suis pas le seul » (Stéphane, 18 ans, joueur de rugby amateur) La réussite commerciale et « symbolique » du projet pionnier de Guazzini est telle que la réalisation d’un calendrier à partir de photos d’hommes nus est devenue un phénomène fréquent dans des clubs sportifs (pas uniquement de rugby) de niveau divers mais également dans certaines corporations. Ainsi, en s’appuyant au départ délibérément sur une certaine ambiguïté, le calendrier a semble-t-il permis au milieu du rugby d’assumer certaines dimensions de son « homosociabilité » par le passé jugées tabous tout en se distinguant par le caractère novateur du projet. « Le concept de Guazzini s’est éventé... tout le monde se met à poil pour vendre ses calendriers : les bouchers, les pompiers, les équipes de petits bleds. Va falloir trouver autre chose pour se démarquer » (Franck, 27 ans, joueur amateur) Par ailleurs, on retrouve cette célébration du corps sculpté et épilé des joueurs dans le domaine de la publicité, certains joueurs du XV de France vantant les mérites de produits d’hygiène (déodorant, crème hydratante etc.) torses nus et serviettes autour de la taille dans leur vestiaire . Ce « renversement symbolique » comme le succès du calendrier doivent se comprendre à la lumière d’une évolution des représentations de la masculinité sur un plan plus général. En fait, l’esthétisation du corps du rugbyman et sa médiatisation sont contemporaines d’un mouvement plus large d’esthétisation (certains diront de féminisation) de la masculinité. Le « mâle » médiatisé est désormais un homme dont le rapport au corps a évolué dans le sens d’une attention croissante à son entretien et à son apparence (observation confirmée par le développement exponentiel de lignes de cosmétiques masculins ou encore la hausse de la fréquentation masculine des « salons de beauté ») . On constate donc une forte correspondance entre ce que donne à voir de leur corps les joueurs de rugby de l’élite et les « standards » sociétaux actuels en terme de masculinité. La médiatisation croissante et désormais plus « individualisée » des joueurs parachève en quelque sorte la constitution de leur « nouveau » statut d’icônes sexuelles contemporaines. Ce phénomène n’est pas propre au rugby français puisqu’un constat analogue est formulable dans bon nombre de territoires au sein desquels le rugby tient une place importante dans l’espace des sports. Ce modèle de présentation du rugbyman se construit bien souvent dans le discours, notamment chez les jeunes (joueurs et groupies), en rupture avec le modèle antérieur aujourd’hui bien moins valorisé. « Michalak, Clerc, Poitrenaud (jeunes joueurs du Stade Toulousain), ça se sont des mecs sexy ! Ils sont bien foutus, virils et pas « abîmés » ... quand je vois dans quel état est mon père après 20 ans de rugby, y a pas photo ! » (Elise, 16 ans, supportrice du Stade Toulousain) « Avant, pour les filles, le rugbyman c’était souvent un gros nounours, pas très « finot » avec les oreilles en choux... aujourd’hui c’est dans le rugby qu’on voit les plus beaux mecs ! » (Claire, 20 ans, amatrice de rugby) En effet, quand autrefois les « traces de l’affrontement » (cicatrices, oreilles déformées pour les avants etc.) étaient autant de signes distinctifs voire constituaient des atouts en terme d’attrait physique et d’expression de la masculinité virile, ils font désormais l’objet d’une certaine stigmatisation tout en devenant des signes de ralliement pour une générations d’acteurs plus « conservateurs » (anciens joueurs et membres assez âgés de la « famille du rugby » ).

En guise de conclusion...

Avec le passage au modèle professionnel, tout se passe comme si on assistait à une « inversion symbolique » des rôles. Ainsi, il semble que les marginaux, voire les « déviants » de la période pré professionnelle de la pratique, sont devenus les « conformes » d’aujourd’hui. Cette observation est commune aux processus de transformation d’une pratique dans l’espace culturel et social. A ce niveau, l’exemple des courses de fond est particulièrement significatif (Defrance, 1989). Pratique populaire et considérée comme ascétique dans les années 60, son appropriation par les classes supérieures durant les années 70 en modifia le sens (d’une pratique ascétique, elle devient informationnelle, se féminisa et s’intégra au style de vie des classes moyennes urbaines). L’idéal type du joueur de rugby contractualisé (Lecocq, 2005) correspond en effet à un athlète qui a incorporé les exigences du plus haut niveau dans toutes leurs dimensions (morales, physiques et économiques). Parallèlement, les joueurs « conformes » des années 80 et du début des années 90 qui éprouvent certaines difficultés à abandonner les « usages rugbystiques » correspondant à cette époque font désormais l’objet d’une stigmatisation voire d’une exclusion progressive de l’espace professionnel. Ainsi certains joueurs « fêtards » devenus alcooliques à force de « respecter » la culture de la troisième mi-temps dans les années 70/80 sont aujourd’hui considérés comme des « anti-modèles ». Ce processus est particulièrement repérable dans le discours des joueurs et entraîneurs en activité. En effet, si cette période « amateur » fait souvent l’objet d’évocations « affectueuses », il n’en demeure pas moins vrai que les acteurs insistent sur le fait que cette période et ses usages sont révolus ou qu’ils demeurent l’apanage du rugby « amateur » des villages (faible niveau sportif). La différence est telle entre le niveau de pratique amateur et l’élite que les confrontations sportives ne sont plus possibles. En d’autres termes, on assiste à un processus de « folklorisation » du rugby de « terroir », considéré comme le « conservatoire » des aspects originaux du jeu et de son statut. Ainsi, ce qui au départ peut sembler relever de divergences conceptuelles, s’inscrit en réalité dans l’organisation des clubs, dans la gestion des corps, dans les règlements sportifs etc. On retrouve à ce niveau la dialectique entre « objectivation » et « subjectivation » des formes de pratiques évoquée par Berger et Luckmann (1989). Dès lors, on assiste à la confrontation de deux mondes aux pratiques objectivables. Les anciens joueurs ayant uniquement vécu la période pré professionnelle de la discipline émettent des avis volontiers critiques à l’égard de l’évolution du milieu et de la rationalisation qu’a engendré le professionnalisme total. Les joueurs ayant été socialisés dans une perspective professionnelle de l’activité (ces derniers formant actuellement la grande majorité des effectifs de joueurs en France) adoptent, comme cela peut se comprendre, un discours beaucoup plus « consensuel » autour de la question du professionnalisme. Bien souvent, les entretiens réalisés avec des joueurs appartenant à cette catégorie donnaient lieu à des propos « attendus » voire « officiels » lorsque l’on évoque leur conception du rugby. Entre ces deux catégories bien distinctes se positionnent les joueurs en activité (la majorité sont plus que trentenaires) dont la carrière chevauche les deux époques (ils sont aujourd’hui minoritaires). Ceux-là ont « appris » le rugby et ses usages durant l’ère pré professionnelle. L’évolution de la pratique vers un modèle professionnel qui condamne désormais ces pratiques culturelles et prône un certain ascétisme les a incités à rentrer « de nouveau » dans un processus d’acculturation plus ou moins réussi pour assurer leur mise en conformité. Leurs propos traduisent cette difficulté qui, selon les joueurs, est plus ou moins délicate à surmonter et engendre même une certaine nostalgie. Ils évoquent les contraintes de leur apprentissage de la « culture professionnelle ». En réalité, leur maintien au plus haut niveau de pratique passe par ce processus « d’acculturation » au sens strict. On remarque ainsi que les joueurs (souvent dans la dernière partie de leur carrière sportive) éprouvant de trop importantes difficultés « à faire le deuil » d’une époque antérieure, mettent rapidement fin à leur carrière ou rejoignent les rangs d’équipes évoluant à des échelons plus modestes au sein desquelles persistent encore ces usages rugbystiques « amateurs ». Cela renvoie à certains travaux en sociologie du sport concernant le processus de mise en conformité qu’exigent toute rationalisation et professionnalisation du jeu (Messner, 1988 ; Bryson, 1990 ; Kane & Buysse, 2005).


Références :
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