Téléchargez cet article : Les modes d’accès féminins à l’arbitrage du football en France.

Dans le contexte actuel de l’arbitrage, on traite plus des questions autour de l’assistance vidéo ou des erreurs commises, que la dynamique de professionnalisation en cours. Or, cette dernière s’accompagne en France d’un phénomène a priori étonnant à savoir l’augmentation croissante de jeunes femmes qui se lancent dans l’arbitrage avec parfois l’intention de « faire carrière ». Leur présence est certes minoritaire, puisqu’elles ne représentent que 2% de l’effectif total des arbitres de football, ce qui correspond au taux de joueuses licenciées à la Fédération Française de Football (Ministère des sports/INSEP, 2002). Mais elle est parfois mise en évidence : lors des Trophée du football en 2003, l’arbitre assistant primé par la F.F.F. fut l’une des trois femmes exerçant dans les championnats masculins de l’élite (Nelly Viennot).

Cette contribution porte sur l’entrée des femmes dans l’arbitrage du football en France et les voies qu’elles empruntent pour s’y insérer. Ces femmes sont avant tout inattendues dans ce milieu qui passe pour être très machiste. La question centrale qui nous importe ici est celle des modes d’accès féminins dans l’arbitrage de football. Car les explications via une assimilation des arbitres aux joueuses ne paraissent pas satisfaisante (Héas & alii, 2004). Nous verrons également que le contexte qui a permis l’ouverture de l’arbitrage dans leur direction doit être pris en considération, notamment au travers de la professionnalisation en cours de l’arbitrage et la crise qu’il traverse.

La perspective choisie est d’étudier ces modes d’accès à partir du discours des principales intéressées. Nous avons donc été amené à raisonner à partir de faits subjectivement vécus et rapportés. Les modes d’entrée sont analysés sur la base des parcours et des justifications qu’elles formulent à leur sujet, voire même de leur motivation pour l’arbitrage. La trajectoire de ces femmes dans l’arbitrage est - mis à part deux cas - encore en cours. C’est pourquoi nous nous pencherons essentiellement sur les premiers temps de la carrière, les premières étapes. Notre questionnement se focalise sur les éléments sociologiques expliquant conjointement pourquoi et comment ces femmes se sont tournées vers l’arbitrage du football, en les appréhendant au travers du concept de carrière, c’est-à-dire le résultat des interactions entre les structures et organisations du travail (ou de l’activité plus généralement) et les trajectoires des individus (Hughes, 1996). Ces interactions sont particulièrement visibles lors des « turning point », autrement dit les changements de trajectoire.

Méthodologie Notre enquête se base principalement sur une enquête de type qualitatif à partir d’entretiens approfondis réalisées auprès de 19 arbitres féminines en activité (hormis deux cas). Ceux-ci ont porté sur le parcours de ces femmes dans l’arbitrage, leur perception du football et de l’arbitrage, l’avenir qu’elles envisageaient dans cette fonction, leurs rapports avec les autres acteurs de l’arbitrage (les arbitres masculins, les joueurs, les joueuses, les dirigeants) et enfin leur motivation. L’objectif était de repérer tous les éléments indicateurs d’étapes dans leur trajectoire, de points ou d’objets de bifurcations (l’entrée dans l’arbitrage, les changements notables comme l’engagement dans la filière d’assistante, etc.). Nous avons aussi insisté sur les indicateurs participant à la construction subjective du parcours et à la part du contexte institutionnel et professionnel (évolution de l’arbitrage, leur place par rapport aux autres acteurs de l’arbitrage, etc.). A notre connaissance il n’est pas fait systématiquement cas du nombre et de la répartition des arbitres féminines en France. S’il y a des Ligues qui fournissent des chiffres précis (nombre, niveau, ancienneté dans l’arbitrage), d’autres sont beaucoup plus vagues . De sorte que nous avons aussi identifié les arbitres interrogées par la technique dite de proche en proche, consistant à demander à l’interviewé de nous indiquer des arbitres féminines de leur connaissance (Blanchet, Gotman, 1992). Parallèlement, nous nous sommes documenté sur l’évolution actuelle de l’arbitrage en France, tant du point de vue des arbitres (association comme l’Union Nationale Arbitre de Football) que de celui de la direction du football (F.F.F.). Ceci a été complété par la consultation de multiples articles de journaux concernant le sujet, tant dans la presse sportive (L’Equipe, France Football) que dans la presse généraliste nationale et régionale.

1. Le contexte d’arrivée des arbitres féminines.

1.1. L’arbitrage féminin et le système professionnel.

L’arbitrage est aujourd’hui sur la voie de la professionnalisation, dans le sens où les arbitres accède à des rémunérations qui sont parfois et pour un temps leurs principaux revenus , mais aussi dans la mesure où ce groupe tente d’accroître son autonomie par rapport aux autres acteurs du football, qu’il existe aujourd’hui un travail d’amélioration et de rationalisation des savoirs arbitraux, et qu’émerge progressivement une forme de socialisation professionnelle, notamment lors de stage destinés aux arbitres (Bourdoncle, 1991). De nombreux arbitres se positionnent ouvertement pour la professionnalisation . En France, un statut juridique de l’arbitre est en voie d’être adopté ; il vise à protéger les arbitres des agressions dont ils sont régulièrement victimes, mais aussi à leur fournir un statut social et fiscal (une loi est prévue dans le courant de l’année 2006) (cabinet Leclerc de Hauteclocque, 2005). Le mouvement est propre à l’Europe : la profession d’arbitre de football existe en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne. En France, la tendance est à la clarification de la situation des arbitres, toutes disciplines confondues notamment par le biais de la fiscalité. Les dernières propositions faites au Ministère de la Jeunesse, celle du rapport réalisé par M.T. Leclerc de Hauteclocque suggère de créer une « compagnie des arbitres » au niveau de chaque discipline, sur le mode des moniteurs de ski. Structure extérieure et indépendante, elle serait en charge de fournir les arbitres de la discipline rémunérés par des honoraires versés par ces compagnies, les compagnies devenant des prestataires de service pour les fédérations (moyennant rémunération de la prestation). Pour les arbitres professionnels (ils sont environ 5 % en France toutes disciplines confondues), ceux-ci bénéficieraient donc d’un statut de travailleur indépendant. Toutes ces évolutions sont de nature à confirmer que l’arbitrage sportif est sur la voie de la professionnalisation. Nous assistons à la transformation du statut « d’officiels du sport » à celui de « sportifs professionnels » si l’on en s’en tient à la nomenclature des emplois sportifs (Le Roux & Camy, 1997). Il apparaît que si le football est en « première ligne », ceci est dû surtout à la place de ce sport, car la professionnalisation touche la majeure partie des disciplines.

1.2. L’arbitrage confronté à la violence et à la remise en cause de sa légitimité

Ces changements ont aussi pour origine la clarification du statut social de l’arbitre. Car, dans le cas du football tout particulièrement, la violence est le problème crucial. L’UNAF (Union National des Arbitres de Football), principale association des arbitres de football français, a pour principale vocation d’assurer le soutien juridique et moral des arbitres dans le cadre de leur fonction, tout particulièrement lorsqu’ils sont victimes d’agressions physiques . Ceci montre combien la lutte contre la violence faite aux arbitres est fondatrice dans l’identité collective des arbitres de football. C’est sur ce substrat qu’ils se sont organisés et qu’ils continuent à le faire aujourd’hui. L’apparition prochaine du statut juridique de l’arbitre va non seulement permettre de combattre plus efficacement les fautifs, mais aussi concrétise tout ce travail des arbitres en vue de leur reconnaissance sociale même si cela peut se construire sur une identité paradoxale de victime potentielle. Cependant le débat autour de l’assistance vidéo et les nouvelles réglementations posent des questions épineuses aux arbitres français. Il semble s’organiser une résistance sur le sujet ou qu’à tout le moins, ils souhaitent que ces évolutions ne puissent pas se faire sans eux. Elles révèlent qu’ils sont concurrencés, en terme de légitimité, par les clubs, les joueurs, dirigeants, les fédérations, la presse et les supporteurs. En crise actuelle de légitimité, la présence des femmes dans l’arbitrage de football apparaît aux yeux des dirigeants du football comme une solution possible pour contribuer à atténuer la violence dans les stades, et donc de renforcer cette légitimité égratignée. La Fédération française, via une politique volontariste d’ouverture vers l’arbitrage féminin dans les années 90, impulse une dynamique nouvelle, notamment après la prise en considération du fonctionnement du football dans les pays étrangers. Michel Vautrot, arbitre international de renom reconverti à la F.F.F., est à l’initiative de ce mouvement. Ayant constaté que dans les pays nordiques l’arbitrage féminin était bien plus développé qu’en France, celui-ci a tenté de favoriser l’arrivée des femmes dans l’arbitrage, et ce au plus haut niveau. Un recensement fut lancé auprès des ligues, la fédération souhaitant recueillir les candidatures de femmes susceptibles d’arbitrer au niveau fédéral, ou plutôt celles que les directions des ligues souhaitaient présenter. C’est par cet intermédiaire que l’arbitrage français va se doter de trois arbitres féminines de haut niveau : Corinne Lagrande, Ghislaine Labbé et Nelly Viennot. Elles ont en commun le fait de ne pas avoir passé l’examen fédéral, mais une épreuve sur titre. C’est le « coup de pouce » de la fédération qui leur a permis de pouvoir exercer au plus haut niveau national puis international.

2. La problématique de l’arbitre féminine : l’étape de mise à distance par rapport à la joueuse.

Les arbitres féminines de football apparaissent aujourd’hui comme une solution aux yeux des dirigeants du football français pour endiguer quelque peu la violence sur les terrains. C’est ce raisonnement qui a permis aux premières arbitres françaises de sortir de l’anonymat. De manière indirecte, cette option a aussi l’avantage, au niveau des arbitres, de préciser leur situation vis-à-vis de cette violence, c’est-à-dire d’apparaître comme des victimes. En effet, avec l’agression très médiatisée de Nelly Viennot en 2001, elles sont autant susceptibles d’être victimes d’agressions au même titre que leurs homologues masculins. Sur ce point, elles n’apportent pas de dissensions au sein de l’arbitrage. Cependant leur action sur le jeu est présentée de manière distincte, aussi bien par les arbitres elles-mêmes que par les acteurs du football (joueurs, entraîneurs, éducateurs, dirigeants). Elles perçoivent notamment que leurs actions entraînent plus de respect des décisions arbitrales, une atténuation de la violence, phénomène qu’observe aussi l’entourage sportif : « On apporte plus de respect, plus de respect sur l’arbitre. C’est même dit par les joueurs eux-mêmes à la fin des matches. Il y a une retenue énorme. Des fois quand il commence à s’emporter, ils disent “ vous avez de la chance que vous soyez pas un homme, parce que sinon je vous aurais dit vos quatre vérités ”. Puis moi j’ai l’impression qu’il a moins de violence quoi sur le terrain, moins de contact. Moi je les sens quand on est sur le terrain que quand c’est un homme qui arbitre.[...] Puis même souvent les coachs après les matches viennent me dire “ ils ont été sages, ils ont pas été violents, ils ont pas été méchants, ils ont pas été odieux avec l’arbitre, c’est rare ... ”. » Sandrine, 27 ans, arbitre de district, 2 ans d’arbitrage.

De la sorte elles se distinguent comme des agents pacificateurs : « on fait en sorte que le match se passe au mieux, on fait en sorte de calmer le jeu, de calmer les joueurs ». Celles qui exercent aujourd’hui travaillent à une double mise à distance par rapport au joueur de football. Or, toute dynamique de professionnalisation implique une mise à distance d’un savoir profane ou bien des pratiques propres aux professions proches, ici les footballeurs, celles-ci se matérialisant dans l’établissement de normes de pratiques (Hughes, 1981 ; Dubar, Tripier, 1998). Cette mise à distance du joueur se révèle d’une part dans le fait que nombreuses sont celles qui arbitrent dans le championnat masculin et qui tiennent à s’y maintenir. De la sorte, elles apparaissent plus à même de « gérer » les comportements susceptibles d’être ou de devenir violents. Il s’agit donc là d’une « distance de genre ». Ceci se vérifie dans le vécu des ces arbitres féminines, puisque qu’un certain nombre d’entre elles sont amenées à gérer des situations délicates comme des tentatives d’agression de joueur envers d’autres. Ce fut le cas d’Héloïse qui a du s’interposer entre deux joueurs. L’agresseur, qui venait d’être expulsé et portait alors sa tenue civile, avait tenté de frapper un joueur adverse en rentrant sur le terrain. Par son action, Hélène a, selon elle, dissuadé ce joueur d’aller plus dans son agression : « il a eu apparemment des scrupules à frapper sur une fille ».

D’autre part, la mise à distance de la joueuse qu’elles ont été, c’est-à-dire la « distance de pratique », est d’autant plus aisée que les possibilités de carrières de joueuses sont assez infimes voire même dénigrées. De la sorte, même si certaines ont joué (et parfois jouent encore), elles sont moins des « ex-joueuses » dans le sens où il s’agit d’un statut difficile à maintenir dans la durée et qu’elles le savent très tôt. En comparaison, cette référence à la vie de joueur est mise en avant pas tous les arbitres masculins. Dans une tribune offerte aux arbitres de Ligue 1 et 2 dans le bi-hebdomadaire France Football, l’un d’entre eux avançait que pour régler certain problèmes actuels de l’arbitrage, il convenait de rapprocher les joueurs des arbitres, notamment en incitant des joueurs de haut niveau à prendre le sifflet. Nous avons relevé de multiples cas où les jeunes filles ont arrêté totalement leur carrière de footballeuse (notamment par manque de clubs féminins) avant d’investir l’arbitrage. Certaines adoptent même une rupture totale avec le monde du football pendant quelques années ; ainsi elles prennent pendant un temps de la distance avec cette activité, pour ensuite entamer une carrière d’arbitre.

« En gros, on m’a demandé si je continuais [le football]. J’ai dit, « non, je pense que je vais arrêter ». On m’a dit, « c’est dommage que tu restes pas dans le foot » alors que ça fait 6 ans que j’y étais. Et voilà. Ils m’ont dit « on a besoin d’arbitre, est-ce que ça t’intéresse de passer d’examen ? ». J’ai dit « pourquoi pas ». » Sandra, 26 ans, arbitre de ligue, 10 ans d’arbitrage.

Pour d’autres, moins nombreuses, celles qui n’ont jamais joué au football, la prise de distance est une évidence, quelles qu’en soit les raisons. Cela rend la carrière d’arbitre possible alors que celle de joueuse n’a pas été envisagée :

« J’ai la passion du foot, en tant que supporter. Mais je n’ai jamais joué au foot. Je ne voulais pas jouer avec les filles [rires] ! » Séverine, 20 ans, arbitre de district, 2 ans d’arbitrage.

Cette distanciation de pratique, nous l’avons repéré non seulement dans les parcours mais aussi dans la prise en compte croissante de la règle comme motif central et même identitaire de l’arbitrage. Ainsi, c’est souvent par la mise en exergue du règlement, de sa maîtrise, de sa connaissance et de son application, que ces jeunes femmes marquent une frontière avec les joueurs.

« Je dirais qu’entre nous on a à peu près tous les mêmes valeurs, celui de respecter des règles, certaines règles de vie aussi. [...] il faut s’intéresser aux règles, parce qu’il a des règles qui changent, même les mentalités sur le stade elles évoluent. Il faut que les arbitres s’adaptent. » Héloïse, 19 ans, arbitre de district, 1 an d’arbitrage.

La séparation est telle que les joueurs sont présentés comme des individus non seulement ignorant des règlements mais aussi peu motivés pour développer leur savoir dans le domaine. C’est une manière indirecte pour ces arbitres d’entériner le passage de la joueuse qu’elles ont pu être à l’arbitre qu’elles sont aujourd’hui. Pour une arbitre féminine expérimentée, la connaissance de la règle symbolise son investissement dans l’arbitrage tout comme elle la sépare des joueurs :

« Même les joueurs ne connaissent pas les règles. C’est comme ça. J’ai beaucoup discuté, vous savez... J’appartenais à un petit club, dans mon petit village. On avait des réunions à l’époque, on se retrouvait le dimanche soir, systématiquement, tous les dimanches soir, moi je retrouvais mon équipe, une petite équipe. Et avec les joueurs, on avait des échanges très intéressants parce que les joueurs me disaient « on a eu un arbitre il était minable ». Je leur dis « d’abord tu as pas le droit de dire ça. Et avant de dire qu’il était minable, explique-moi pourquoi tu dis ça ? » Alors les joueurs commencent à m’expliquer des situations, des faits de jeu, en me disant « il fait ci, il a fait ça, etc. ». Je m’apercevait souvent effectivement qu’ils ne connaissaient pas tellement les règles : « si tu avais connu les règles du jeu, tu aurais su pour qui, pourquoi, ... ». Ca c’est positif, mais ça ne se passe pas partout ». Ghislaine Labbé, 44 ans, arbitre internationale à la retraite, 26 ans d’arbitrage.

Ce double mouvement de distanciation (de genre et de pratique) repérable pour les femmes vient à point nommé dans un arbitrage français en plein désarroi qui tarde à fournir une réponse à la question de la professionnalisation ; il est donc un atout dans l’interaction des ces femmes avec le contexte. Pour les individus, cette double mise a distance sont deux étapes décisives dans la perception subjective de leur carrière . Cette situation institutionnelle a permis d’ouvrir les portes de l’arbitrage aux femmes. Il reste à voir maintenant comment on peut catégoriser leurs modes d’accès contemporains à l’arbitrage de football, sachant que cette prise de distance intervient dans les deux cas mais sous des figures différentes.

1.4. Les deux modes d’accès observées

Au regard des trajectoires de carrière de ces arbitres féminines, on rencontre deux modes d’accès. Ils traduisent l’interaction à laquelle elles sont confrontées, entre les opportunités procurées par la situation de l’arbitrage en France et une perception subjective de cette activité qui ne peut plus être celle du joueur , une volonté de construire une carrière (au sens sociologique du terme).

1.4.1. De la passion du football à la passion de l’arbitrage

Les liens passionnels avec le football apparaissent ambigus, car ils ne se conjuguent pas complètement au passé. Tout se passe comme s’il y avait une volonté de les maintenir a minima. Par exemple, une arbitre féminine entraîne une équipe de jeunes dans le club de la commune où elle réside. D’ailleurs, même si elle n’est pas inscrite dans ce club en tant qu’arbitre, c’est dans ce dernier qu’elle s’investit le plus, celui où elle a joué en dernier lieu. Mais, comme on va le voir un peu plus loin, le mode d’appréhension passionnel demeure pertinent ; c’est l’objet de la passion qui change.

Ce mode d’entrée dans l’arbitrage se déroule dans un contexte institutionnel et familial qu’on ne peut éluder. La situation institutionnelle du football féminin entraîne une tension entre le football et l’arbitrage, qui sont aux yeux des arbitres féminines à la fois deux activités complémentaires mais distinctes dans leurs objectifs et exige un positionnement différent face au jeu. A leur niveau, ces jeunes femmes se ménagent une période où les liens avec le football (en tant que jeu) ne sont pas totalement rompus, même si la pratique de ce sport est anecdotique, parce qu’elles ont des difficultés à tourner le dos à la joueuse qu’elles ont été. Dans le même temps, la relation au football est fortement marquée par l’univers masculin qui a vu naître la passion chez ces jeunes filles. Nous n’avons pas trouvé, dans cette génération, de militante du football féminin, ni même de militante féministe tout court . Ceci peut expliquer les discours dévalorisant le football féminin venant de leur part. Ces femmes soulignent par exemple la différence de rythme au détriment des compétitions féminines. Ce critère du rythme interdit au football féminin d’exister de façon autonome par rapport à son homologue masculin. Par conséquent, quand ce n’est pas la possibilité de trouver un club et/ou une équipe de football, ce peut être tout simplement le rejet même du football féminin qui les incite à se tourner vers l’arbitrage.

J’ai commencé en fait à jouer au ballon. Disons déjà mon père ça fait 30 ans qu’il est arbitre. Donc c’est vrai que j’ai eu le virus dès le plus jeune âge du football. Et puis ben j’ai eu des problèmes avec mon entraîneur. Et un jour j’étais en train, je revenais d’un match et j’ai vu une fille arbitrer. J’ai posé carrément la question à mon père : « papa comment il faut faire pour devenir arbitre ? » Puis j’ai franchi les caps et je me suis mis à l’arbitrage. J’ai arrêté de jouer au ballon et... P.C. : Vous n’avez pas continué les deux ? Non, non. Parce que moi j’ai eu des propositions pour continuer à jouer dans d’autres clubs, mais sans faire des entraînements, en faisant que des matchs et moi ça ne m’intéressait pas. Donc j’ai complètement arrêté de jouer au ballon. [...] P.C. : Ca n’a pas été trop dur d’arrêter ? Ouais. Maintenant c’est vrai que ça m’a manqué mais je n’arrêterais pas l’arbitrage pour autant. » Amandine, 29 ans, arbitre de ligue, 10 ans d’arbitrage.

Ces femmes présentent le profil de personnes ayant acquis une compétence footballistique de bon niveau et surtout contracté une passion pour ce sport, qui va se reporter sur l’arbitrage. Ce sont des femmes qui à un moment donné de leur carrière ont bifurqué vers l’arbitrage, soit parce qu’elles ont été empêchées dans leur progression de carrière dans le football mixte puis féminin, notamment en raison de son faible développement pour le second cas, soit par choix raisonné, celle-ci escomptant une progression de carrière satisfaisante.

« J’arbitre au niveau district. J’aimerai passer en ligue l’année prochaine. On va voir. J’aimerai bien déjà arriver à la ligue parce qu’après il y a une limite de 30 ans pour passer en Fédération. J’aimerai faire une carrière, vraiment. De tout façon, plus on monte, plus les matches sont un peu plus simples à gérer, donc moi aller un peut plus haut, ça ne me dérangerait pas. Peut-être que je vais me spécialiser ; faire les féminines ou alors les touches. [...] C’est vrai que les féminines c’est un peu plus mou. Mais bon, s’il faut faire les féminines uniquement pour arriver un peu plus haut, moi il n’y a pas de souci. » Sandrine, 27 ans, arbitre de district, 2 ans d’arbitrage.

Cette bifurcation n’est pas toujours directe comme le montre le cas de cette arbitre passée du football à l’entraînement puis à l’arbitrage.

« J’ai joué depuis que je suis toute petite. Donc, j’ai joué très tôt avec les garçons, après avec les filles avec une équipe de X, quand je faisais mes études. Je suis partie en Angleterre pour mes études. Là aussi j’ai joué. Et puis j’ai rencontré mon mari et on avait aussi ce goût du football en général et on entraîné tout d’abord une équipe. Donc on a passé les diplômes d’entraîneur. J’en avais passé avant en France, le diplôme d’animateur. Là-bas on a passé l’équivalent d’initiateur. Et puis en entraînant, donc c’était des moins de 12 ans féminines, euh et bien là en fait j’ai eu envie de passer mon diplôme d’arbitrage pour connaître les règles précises. Donc j’ai passé mon diplôme. Et puis j’ai commencé à arbitrer à droite, à gauche. Et puis j’y ai pris goût. » Christine, 37 ans, arbitre de district, 10 ans d’arbitrage

D’ailleurs ce changement se présente rarement de manière radicale. Pour illustrer les enjeux de ce « turning point » on peut développer le cas de Sandrine. Cet arbitre de 27 ans a été confronté à un contexte local où le football féminin était peu développé ; elle a du construire un équipe féminine mais constate la pauvreté du développement du football féminin. Dès avant elle avait songé à la carrière arbitrale, voyant son avenir footballistique incertain, malgré le fait qu’elle possède des compétence recherchées, celle d’une gardienne de but. Cinq années plus tard, à la suite d’un rappel de cette voie possible par un collègue, elle se lance dans l’arbitrage et espère poursuivre une carrière au mieux au niveau fédéral, au moins au niveau Ligue. Parallèlement il lui arrive encore de temps en temps de chausser les crampons, même si c’est de plus en plus espacé, ces nouvelles contraintes professionnelles lui invitant à faire des choix. Le processus est ici assez long puisque Sandrine n’a pas totalement rompu avec la joueuse. Mais c’est bien dans une trajectoire d’arbitre qu’elle se situe à présent.

En justifiant le passage de la joueuse à l’arbitre en raison de contraintes d’ordre externes et/ou personnelles (entraînements, horaires, etc.) et les nouvelles opportunités qu’offre l’arbitrage, ces arbitres trouvent un moyen de présenter un passage qui s’effectue sans trop de heurt. Au-delà de 14 ans, les filles qui veulent s’adonner à leur sport favori doivent faire un effort supplémentaire par rapport aux garçons, les clubs féminins étant plus rares. Autrement dit, il est plus malaisé pour une femme de poursuivre sa carrière de joueuse de football et cela demande un surcroît d’investissement.

« Je jouais au foot avec les garçons, jusqu’à un certain niveau, jusqu’à l’âge de 14/15 ans, parce qu’après il faut jouer avec les filles. Et puis c’était plus loin déjà au niveau des kilomètres. Comme il n’y avait pas beaucoup de clubs de filles, voilà. Et ça ne m’intéressait pas donc j’ai arrêté. Je n’ai jamais essayé de jouer avec les filles. Et du coup, sur un journal de foot j’ai vu qu’il y avait un examen d’arbitre, et puis j’ai dit « pourquoi pas », et puis voilà ! » Nadine, 23 ans, Jeune arbitre en Ligue, 4 ans d’arbitrage.

« A l’âge de 8 ans, j’ai joué au foot dans un club masculin. Et à 14 ans, les filles n’ont plus de droit de jouer avec les garçons. Donc il faut choisir un club féminin. A l’époque, y’avait que X et ça m’intéressait pas du tout, surtout la mentalité. Donc, j’ai voulu arrêter, mais en fait je ne voulais pas arrêter, je ne voulais pas arrêter le sport. A 14 ans je ne voulais pas en redémarrer un autre que je ne connaissais pas du tout. Et donc je me suis lancé dans l’arbitrage comme ça, parce que je connaissais bien le règlement et que je connaissais bien le foot. » Sylvie, 24 ans, arbitre en Ligue et N2 (féminin), 10 ans d’arbitrage.

Cette période qui va de 14 à 18 ans donne lieu à une bifurcation importante dans la carrière de footballeuse, se traduisant souvent par l’arrêt de l’activité, certaines optant parfois pour l’arbitrage. De fait, on sépare logiquement l’organisation de l’arbitrage des joueurs proprement dit. C’est à ce moment là de leur trajectoire que les arbitres féminines doivent procéder à une transformation subjective de leur passion et que l’analyse via le concept de carrière prend tout son intérêt.

La force du lien avec le football est primordiale. Il est difficile de faire des extrapolations sur le comportement des jeunes joueuses de football qui abandonnent le football à l’âge de la séparation fille / garçon. Cependant, on peut constater que chez celles qui persistent dans l’arbitrage, la passion était bien ancrée. Pour cette raison, nous pensons que la relation passionnelle au football en général est un élément qui motive ces jeunes filles à embrasser la fonction arbitrale, malgré les difficultés et obstacles objectifs qu’elles n’ignorent pas. Qui plus est, par extension, l’arbitrage devient lui-même une passion où l’on peut se projeter dans l’avenir, par le jeu d’une mise à distance.

Chez les arbitres féminines entrées via ce mode d’accès, on rencontre plus de possibilités de projection sous la forme de carrière (au sens commun du terme) et un surcroît d’ambitions. Certaines vont même jusqu’à faire de larges compromis comme renoncer à l’arbitrage dans les compétitions masculines pour se construire un futur ambitieux. On observe le même rapport entre les postes d’assistants et ceux d’arbitres centraux.

« Arbitrer chez les féminines, ça m’intéresse pas. Je n’aime pas. (...) Si on me dit aujourd’hui “ Ecoute Amandine tu peux devenir un arbitre international, tu peux monter à haut niveau mais il faut que tu te spécialises chez les femmes”, je réfléchirais peut-être. Mais arbitrer en femme au niveau où je suis non. Tous les dimanches non. Par contre si on me dit que c’est un moyen de reconversion et qu’on me dit c’est le moyen que je monte, j’accepterais. C’est comme si on me demande d’abandonner le centre maintenant. Si on me dit “ il faut que tu montes mais il faut que tu arrêtes le centre ”, j’arrête les centres ». Amandine, 29 ans, arbitre de ligue, 10 ans d’arbitrage.

Si la passion du football se concrétise par sa pratique, nous avons rencontré un cas unique qui montre bien que c’est avant tout la relation passionnelle avec ce sport qui est à l’origine de leur investissement dans l’arbitrage. Celle-ci n’a jamais pratiqué le football en club, ne voulant pas jouer avec des filles (le football étant pour elle un sport d’hommes) et profitant de l’opportunité d’arbitrer très tôt (à l’âge de 15 ans) pour exprimer sa passion du football, qui s’exprime en parallèle dans le supportérisme. Dans le même esprit, nous en avons croisé trois expliquant que c’est l’intérêt pour la règle et les lois du jeu du football qui les a incitées à s’intéresser à l’arbitrage. Or, se positionner de cette manière est bien une façon de rester lié au football tout en prenant de la distance avec cette pratique sportive et les joueurs. Ainsi, ce mode d’accès l’arbitrage est bien conditionné par la capacité de ces femmes à maintenir et transformer leur passion pour le football en une passion pour l’arbitrage, à intimer cette trajectoire à leur carrière.

1.4.2. L’arbitrage comme « loisir »

Le rapport de ces jeunes femmes au football est beaucoup moins orienté en fonction de la pratique de ce sport. Nous avons rencontré 4 arbitres que l’on peut pleinement associé à cette catégorie de mode d’accès. Elles ont construit un rapport à la carrière arbitrale et au football bien différent des précédentes. Ces femmes ont pour caractéristique principale un éloignement avec le milieu du football au point de n’avoir jamais pratiqué ce sport. De plus, elles n’ont pas d’ascendance familiale footballistique ou bien celle-ci est très éloignée. Le lien qu’elles entretiennent avec football est de l’ordre du loisir ; c’est plus leur activité de spectatrice du football qui leur a ouvert les portes de l’arbitrage que la pratique de ce sport. Enfin, la décision d’arbitrer est présentée comme réfléchie, donc moins soumis au contexte footballistique. On ne trouve pas chez ces femmes la volonté affirmée de réaliser une carrière. D’ailleurs, elles n’envisagent pas leur rapport à l’arbitrage en terme de profession, de carrière, à l’inverse de l’autre population, pour qui, sans que cela soit toujours une perspective absolue, il s’agit d’une espérance certaine. On note également une moyenne d’âge plus élevée dans cette population que dans le profil précédent. Autrement dit, elles ne conçoivent pas l’arbitrage comme un moyen de poursuivre la passion du football, mais plutôt comme la poursuite sous une forme nouvelle d’une activité de loisir.

J’ai été voir mes premiers matches de foot, je devais avoir 14/15 ans. J’ai bien aimé donc euh... J’y suis allée souvent avec des hommes en fait, des copains, la famille, etc... Plutôt que de me contenter bêtement et de pas comprendre en quoi consistaient les règles, ben je leur demandais de m’expliquer pourquoi l’arbitre il sifflait telle ou telle chose, qu’est-ce que c’était qu’un hors jeu, parce que souvent les femmes elles savent pas ce que c’est qu’un hors-jeu. Et puis voilà, j’ai toujours aimé regarder le foot, je me suis toujours interrogée... Et puis ce qui m’a fait ressentir que j’avais un petit peu un coté juge, c’est qu’en fait quand je regardais un match, je n’étais pas pour une équipe, j’étais pour le beau jeu. Et puis j’en ai parlé avec des copains - donc déjà j’ai beaucoup de copains qui font du foot - donc forcément on en parle... (...) Et puis j’en ai parlé avec un copain, en disant « ben tu vois arbitre ça me plairait bien », et lui il était dans un club du Nord Isère et je me suis renseignée auprès du président pour savoir quelles étaient les démarches, etc.. Parce que j’avais appelé le district qui m’avait dit qu’il fallait être mandaté par un club ». Fany, 29 ans, arbitre de district, 2 ans d’arbitrage.

La question de la mise à distance est appréhendée de manière plus aisée. En effet, la passion pour le football, sans qu’elle soit absente est bien moins viscérale. Elles ne doivent pas composer avec la joueuse puisqu’elles ne l’ont jamais été ; de même la « distance de genre » est bien élaborée dans le sens où elles sont enclines à arbitrer indistinctement des compétitions masculines et féminines. Pour cette raison aussi, elles sont plus disposées à arbitrer dans des compétitions de niveaux moyens, voire chez les jeunes (moins de 18 ans). On observe que l’importance accordée à la compétition arbitrée est moins prégnante que celles de la figure de la passion. C’est que le football et l’arbitrage ne participent que partiellement à la construction de l’identité sociale de ces personnes à l’inverse de la population précédente. Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que pour ces femmes, l’arbitrage n’est pas une fin en soi : elles envisagent dès à présent l’arrêt de cette activité, et elles en parlent de manière sereine, sans que cela se présente sous la forme d’une déchirure.

La construction de leur trajectoire de carrière (au sens de Hughes) est orientée par le plaisir le fait de voir dans l’arbitrage un loisir. Si bien que la progression hiérarchique au sens de l’arbitrage revêt à leurs yeux une importance bien moindre.

« Je peux pas du tout espérer aller au plus haut niveau. Mais bon il faut prendre le plaisir où il est. Et puis c’est vrai qu’aujourd’hui on trouve des plaisirs autres que toujours aussi monter quoi. » Caroline, 32 ans, arbitre de district, 8 ans d’arbitrage.

Elles expliquent qu’elles trouvent sain d’utiliser leur temps libre du week-end à arbitrer, même si cela s’effectue dans des conditions climatiques qui en rebuteraient plus d’un (ou une). C’est le plaisir qu’elles trouvent à être sur le terrain qui est à la source de leur présence. Autrement dit, cela signifie que le mode d’entrée dans l’arbitrage peut être conditionné par l’idée que l’arbitrage demeure une activité de loisir, certes à vocation sportive, mais où les perspective de professionnalisation intéressent peu l’acteur. Ainsi, dans les entretiens, la perspective de faire une carrière est éludée, sans doute aussi parce que la plupart d’entre elles sont limitées dans ce domaine par leur âge, mais aussi parce qu’en tant que loisir, l’arbitrage n’est qu’une étape parmi d’autres dans leur trajectoire de loisir. Si carrière il y a, c’est une carrière de loisir qui emprunte un temps le chemin de l’arbitrage de football .

CONCLUSION

L’intégration de ces femmes dans l’arbitrage leur apparaît satisfaisante, ce qui s’explique notamment par les perspectives d’avenir réelles pour celles qui entre par le premier mode d’accès identifié. Cette intégration est à la croisée d’une situation institutionnelle favorable dans l’arbitrage mais aussi d’une situation problématique dans le football féminin. L’avantage dont bénéficie les femmes qui se lancent dans l’arbitrage tient à la mise à distance nécessaire avec le football et qui s’impose à elles plus rapidement dans la carrière que pour les hommes. C’est par la transformation de la passion pour le jeu ou le spectacle footballistique en une passion pour l’arbitrage ou un identification de l’arbitrage comme loisir que peut se concrétiser l’implication de ces femmes. Les modes d’accès des femmes montrent que les liens entre joueur et arbitre ne vont pas de soi, et que c’est peut-être ce qui freine considérablement le recrutement des arbitres dans la plupart des pays européens. En effet, le fait de marquer une coupure avec le football chez ces femmes afin d’envisager un avenir dans l’arbitrage les autorisent à penser à la carrière. Le modèle de professionnalisation des joueurs de football français (Faure & Suaud, 1999) n’est sans doute pas celui qui s’impose pour les cas des arbitres. Et cette professionnalisation passe peut-être par la construction d’un modèle différent de celle des joueurs, donc d’une filière de formations distinctes de ces derniers. L’observation de la trajectoire de carrière de ces jeunes femmes nous invite donc à penser l’arbitrage d’une manière bien distincte de celle du joueur de football. Elle nous encourage aussi à étudier les arbitres non pas seulement en tant qu’avatar du football, mais bien comme des acteurs à part entière de ce sport.

Bibliographie

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