Bien qu’il ne concerne qu’une centaine de coureurs en France, le cyclisme professionnel constitue un phénomène social considérable fortement relayé par les médias. Cette discipline sportive est étudiée tant sur le plan de la popularité de ses champions que pour ses épreuves. Il faut également souligner que le Tour de France suscite à lui seul la majeure partie des réflexions sociologiques sur ce sujet. Comme l’indique Raspaud (2002 :134) « les écrits concernant le cyclisme professionnel sont très peu nombreux, sans commune mesure avec l’audience populaire de ce sport ni avec l’héroïsation de ses champions ». Néanmoins, depuis quelques années, et plus particulièrement à la suite de l’affaire Festina qui perturba le Tour de France 1998, quelques sociologues ont été amenés à s’intéresser au cyclisme en abordant les problématiques du dopage. Mais si celui-ci constitue une réalité que certains considèrent comme « culturelle », le dopage ne représente qu’un versant de l’analyse de ce milieu.

Intéressons-nous aux autres facettes de la profession. Incontestablement, le quotidien d’un coureur cycliste ne se résume pas à passer son temps à enfourcher sa bicyclette. Mettre sa vie familiale au second plan, s’imposer une hygiène de vie irréprochable aussi bien d’un point de vue alimentaire que sanitaire, sont autant de sacrifices, de contraintes inhérentes à la pratique du cyclisme professionnel. Pour les évoquer, les initiés utilisent tout naturellement des expressions imagées ; dans le jargon cycliste, « faire le métier » est l’une d’entre elles. A priori, même si cette expression paraît relativement anodine, il ne suffit pas d’en connaître chacun des mots qui la composent pour en comprendre tout son sens. En réalité, « faire le métier » renvoie à une multitude de significations plus ou moins concrètes qui pointent les réelles exigences de la pratique. A travers son usage, les cyclistes avouent parfois l’inavouable et sous-entendent des conduites illicites telles que la prise de produits dopants ou bien l’achat d’une victoire ou la participation à une « mafia ». Même si ces conduites peuvent paraître intolérables aux yeux des profanes (Becker, 1985), elles constituent néanmoins un aspect légitime du métier. C’est bien cette polysémie qui est discutée par les acteurs du cyclisme et qui porte à polémique. Elle fait apparaître une réalité complexe qui fait jaillir un espace critique pour les cyclistes. A travers, cette expression, nous tentons d’analyser et de comprendre le métier de cycliste professionnel .

Pour cette communication, nous ciblerons notre étude sur la question des contrats de travail qui juridiquement définissent la profession de coureur professionnel.

Le métier de cycliste professionnel est étroitement lié aux aléas et aux impératifs d’une saison sportive qui s’étale sur les trois quart d’une année civile (de janvier à octobre). La nature et les exigences de cette discipline ont une incidence sur les conditions d’emploi et de travail. Analyser le cyclisme professionnel par aspect contractuel peut sembler évident lorsque l’on aborde le champ de la sociologie des professions. Mais il n’en demeure pas moins que les contrats de travail ainsi que les rémunérations posent le cadre du cyclisme professionnel et structurent l’entrée dans ce milieu. En effet, si nous reprenons les propos de Dubar et Tripier (1998), une activité professionnelle peut être définie comme « l’occupation par laquelle on gagne sa vie ». Or, paradoxalement, même les cyclistes amateurs y consacrent la majeure partie de leur temps (au niveau des entraînements, compétitions, déplacements), beaucoup d’entre eux vivent grâce à l’activité quasi exclusive de ce sport. Leurs revenus dépendent fortement des primes de courses et des prix obtenus grâce à leurs résultats. En l’absence de contrat de travail et alors qu’ils ne sont pas reconnus comme des professionnels, ces coureurs considèrent quand même « faire le métier ». Un cycliste acquière le statut de « professionnel » dès lors qu’il signe un contrat au sein d’un groupe sportif reconnu par l’Union Cycliste Internationale (UCI).

La législation et le code du travail imposent de respecter les procédures du droit commun ainsi que les règles particulières qu’impose le droit du sport au secteur professionnel. L’une d’entre elles est le recours systématique au Contrat à Durée Déterminée (CDD) dit « d’usage ». En effet, l’article L. 122-1-1 du code du travail autorise au même titre que les métiers de l’hôtellerie, des travaux publics, de l’audiovisuel, etc., la qualification de ce type de contrats pour les emplois où « il est d’usage constant de ne pas recourir au contrat à durée indéterminée en raison de la nature de l’activité exercée et du caractère par nature temporaire de ces emplois ». L’une des spécificités du sport professionnel, par rapport aux autres activités salariales, concerne entre autre la durée maximale des contrats. Alors, qu’en règle général, le recours à un CDD ne doit pas excéder 18 mois, un sportif professionnel pourra signer un contrat pour une durée maximale de 60 mois, soit cinq saisons sportives. La nouvelle Convention Collective Nationale du Sport , signée l’année dernière mais applicable depuis le second semestre 2006 réaffirme cette obligation en raison la durée et de la nature des trajectoires professionnelles des sportifs. En reprenant, les propos de Barthélémy (2005), même si les organisations syndicales combattent cette forme contractuelle au nom de la lutte contre la précarité, il existe, dans le domaine du sport, un consentement général pour y recourir de manière exclusive. Ce consensus est tel que les règlements établis par les fédérations ou les ligues refusent l’homologation des Contrat à Durée Indéterminée (CDI).

Dès lors, compte tenu de la brièveté et de l’intensité d’une carrière professionnelle, le cycliste se trouve dans une position relativement ambivalente. D’un côté, soumis par ce type de contrat à une perspective d’avenir incertain, il est contraint à une obligation de résultats et doit éviter toute forme de blessure sous peine de ne pas retrouver d’employeur voire, dans le pire des cas, connaître le chômage ou bien repasser amateur. De l’autre, sur le plan financier, ce même coureur va alors rechercher à optimiser au mieux sa courte carrière sportive quitte à changer régulièrement d’employeur et à favoriser de très court contrat d’un an ou deux en vue d’une possible renégociation salariale.

Comment les cyclistes font-ils face à cette ambivalence ? Dans quelle mesure les cyclistes sont-ils contraints de négocier ou renégocier leur contrat ? Que sont-ils prêts à accepter de faire pour prolonger une carrière ? Comment sont-ils recrutés dans les équipes ?

Pour essayer de répondre à cette série de questions, intéressons nous aux études qui abordent l’aspect contractuel du cyclisme professionnel. Reysset (1977) décrit finement cette catégorie de sportifs à travers ses aspects socioprofessionnels et ses origines sociales : « Le cyclisme professionnel est donc un sport de recrutement populaire et agricole ». Son étude nous apporte des précisions sur les conditions nécessaires pour prétendre devenir cycliste professionnel. Il souligne que le niveau d’étude du sportif n’est pas pris en compte lors du recrutement. Les seules conditions exigées sont d’obtenir une licence professionnelle - délivrée par les instances fédérales -, avoir accompli son service militaire, être engagé par un directeur sportif et enfin tirer au moins une partie de ses revenus de la pratique du cyclisme. Par ailleurs, Calvet (1981), décrit le cyclisme professionnel comme un assemblage et une articulation de trois marchés distincts : le marché du spectacle sportif (l’attraction du public), le marché publicitaire (sponsors, médias, etc.) et enfin le marché des coureurs. En analysant ce dernier, l’auteur montre la pénibilité du métier et les conditions de travail des « Forçats de la route » (Londres, 1996). Il explique également que les coureurs relèvent en même temps de plusieurs « employeurs ». L’employeur principal est « annonceur-financeur de l’équipe » (le sponsor). Les autres sont, d’une part, les organisateurs de courses qui délivrent les primes de courses comme pour les amateurs (par exemple, le vainqueur du Tour de France 2006 a reçu 450000 euros de primes). De l’autre, des contrats ponctuels qui viennent agrémenter le salaire d’un cycliste comme les contrats publicitaires ou les courses privées qui prennent le nom de « critériums » dans le milieu cycliste. Dans les deux études présentées ci-dessus, la question du sport professionnel est largement abordée notamment par les dispositions spécifiques accordées aux contrats et aux salaires. Même si ces travaux semblent être éloignés des préoccupations du cyclisme d’aujourd’hui (réforme du cyclisme international avec l’UCI Pro Tour, structuration du sport professionnel par la gestion des ligues professionnelles (loi de 1984, le droit à l’image, etc.), ils constituent néanmoins un élément essentiel à la compréhension de l’aspect contractuel du professionnalisme dans le cyclisme. Cependant, ces études s’orientent uniquement sur un aspect socioéconomique pour décrire cette discipline sans prendre en compte la réalité du métier de coureur au quotidien.

De notre côté, nous nous somme appuyés sur les approches théoriques de la sociologie pragmatique. Face aux réalités sociales du milieu professionnel, il nous est apparu nécessaire de considérer que ce sont les cyclistes eux-mêmes qui détiennent les éléments décisifs pour nous permettre de comprendre leur métier. Afin de décrire le plus finement possible la manière dont ils appréhendent leur profession, notre travail s’est porté sur l’analyse des prises de décision, des moments d’incertitude qui révèlent « ce dont [les coureurs] sont capables », pour reprendre les propos de Boltanski (1990). C’est en analysant les situations critiques que les cyclistes sont amenés à expliciter ou justifier les contraintes de leur pratique professionnelle qui pèsent sur leur quotidien. Dès lors, nous accordons aux acteurs une capacité critique et réflexive pour saisir les logiques argumentatives et le sens qu’ils donnent à leurs actions. C’est à travers leurs expériences que les cyclistes décrivent le monde sensible qui compose la réalité du milieu professionnel. Le poids du contexte local va donc poser les contraintes du métier.

Nous cherchons à porter notre analyse de ce milieu en mettant l’accent sur les incertitudes, les formes de la justification utilisées par les acteurs lorsqu’ils s’appuient sur l’aspect contractuel de leur métier pour décrire la réalité du cyclisme professionnel. C’est dans cette perspective que nous mettrons en relation les contraintes des acteurs et les modèles d’actions et de jugements lorsqu’ils évoquent leurs contrats. Nous tenterons de comprendre les modalités contractuelles pesant sur les cyclistes et d’analyser la manière dont ils subissent et gèrent ces impératifs.

Au niveau méthodologique, nous avons choisi de saisir les contraintes de la profession à travers celles que les coureurs acceptent de rendre public. Pour comprendre au mieux cet univers, « l’usage des récits de vie, incluant vie professionnelle et vie privée, s’avère souvent constituer un instrument essentiel à la compréhension d’un métier » (Bertaux, 1976). Nous avons donc réalisé un recueil de récits de vie composé de deux matériaux qualitatifs différents.

En amont, par l’intermédiaire de ressources informatiques auprès d’éditeurs et de sites internet spécialisés, un premier travail a consisté à recenser de manière systématique l’ensemble des biographies de cyclistes publiées. Le volume de la littérature ainsi référencée nous a contraints à sélectionner les ouvrages biographiques. En effet, la diversité des récits n’obéit pas au même jeu de contraintes pesant sur leur production. Nous avons donc déterminé quatre sous-groupes d’ouvrages que nous détaillerons ci-dessous. Toutes les productions biographiques qui ne correspondaient pas à nos critères ont été invariablement écartées.

La première sélection rassemble toutes les autobiographies dans lesquelles les cyclistes sont considérés comme les auteurs uniques ou principaux. Ce sont toutes les prises de paroles où spontanément les coureurs livrent leur vie sportive et affective, bien souvent après avoir mis fin à leur carrière professionnelle. Notre deuxième critère a été de regrouper toutes les biographies où les cyclistes sont contraints de rendre explicite le sens qu’il donne à leur métier par un jeu de justifications et de dénonciations. Suite de l’affaire Festina en 1998 et à la différence de la première catégorie de récits, plusieurs coureurs de l’équipe incriminée, (Hervé (2002), Virenque (1999, 2001), Richard (2001)) ont produit des récits que nous qualifions de « justificateurs ». En effet, dans leurs ouvrages, ils ont voulu clarifier et rendre légitime les pratiques illicites au sein de leur équipe ainsi qu’à l’échelle professionnelle parce que leur sens de justice a été offensé au sens de Boltanski et Thévenot (1991). D’autres affaires de dopage viennent s’ajouter à cette liste, parmi celles-ci, Chiotti (2001), Menthéour (1999) et Gaumont (2005) nous décrivent leur façon d’avoir fait le métier sous ce jeu de contraintes. Enfin, Bassons (2000) dénonce dans son ouvrage les pratiques dopantes au prix d’une fin de carrière prématurée. Le troisième critère regroupe les ouvrages écrits conjointement avec un journaliste, généralement à la suite d’un entretien avec le cycliste. Cependant, afin de ne recueillir que des récits de vie, nous avons uniquement retenu dans ce type de collaboration les ouvrages rédigés à la première personne du singulier. En tout état de cause, par ce style littéraire, le cycliste interrogé assume pleinement la responsabilité des discours publiés. En dernier point, nous avons pris le parti d’élargir notre corpus en ajoutant des récits d’acteurs impliqués dans le cyclisme professionnel tels que Voet (ancien soigneur de l’équipe Festina), Baal (ancien président de la FFC), Roussel (ancien directeur sportif). Tous ces protagonistes ont été amenés à prendre position notamment à la suite de l’affaire Festina. Ils peuvent nous livrer un regard différent sur le métier.

Nous avons accordé une importance particulière à la temporalité du corpus. Outre son aspect chronologique, l’étude de notre dossier par ses dimensions temporelles, nous permet de relever des précédents, des mobilisations de séries antérieures ou des jeux de négociations relatifs aux contrats de travail. Nous avons constitué un premier corpus de 45 ouvrages autobiographiques et biographiques de cyclistes professionnels s’exprimant dans l’espace public. Le panel de témoignages ainsi recueillis s’étend de 1958 à 2005.

Afin de mieux appréhender le vécu des cyclistes professionnels, le second corpus, qui est en cours de constitution, consiste en une série d’entretiens biographiques auprès de cyclistes en activité ou d’anciens coureurs professionnels. Habitués à répondre aux médias, les cyclistes ont tendances à formater leur discours. Nous avons donc commencé tous les entretiens par une série de questions sur l’histoire de leur carrière, sujet sur lequel, il leur paraissait plus facile de s’exprimer. Quand un climat de confiance s’établissait dans la discussion, nous avons progressivement traité des thèmes plus personnels sur le salaire, le dopage, les pratiques illicites, etc. En complément du premier corpus, ce recueil nous permet d’être au plus près des préoccupations actuelles des acteurs. Ainsi, nous pouvons demander au cours des entretiens de préciser les moments critiques, les points d’inflexion, d’incertitude dans les trajectoires des acteurs interrogés. A l’heure actuelle, nous avons constitué une série de cinq entretiens. Toutes les cyclistes professionnels interviewés ont débuté leur carrière dans les années 90. L’un d’entre eux vient tout juste de mettre un terme à sa carrière sportive.

Il est désormais possible d’analyser d’important corpus grâce à l’appui de l’outil informatique tel que le logiciel Prospéro© (Chateauraynaud, 2003). Nous pouvons ainsi soumettre le recueil de récits de vie, qu’il s’agisse de ceux recueillis dans les livres autobiographique ou de ceux obtenus par entretiens, à des opérations comparatives entre les ouvrages, mais aussi faire apparaître des recoupements autour de la thématique des contrats de travail (comme la recherche systématique d’énoncées comprenant les termes de « contrat », « salaire », « rémunération », etc.) Ce type d’outil nous permet non seulement d’obtenir une réversibilité et une adaptation dans l’évaluation de nos hypothèses mais aussi de suivre précisément « des transformations sur la longue durée et de caractériser des points d’inflexion ou de basculement, l’entrée en lice de nouveaux personnages et ses conséquences sur les structures narratives ». (Chateauraynaud & Torny, 1999).

I. Les premiers pas dans le milieu des professionnels.

I.1. le recrutement

En amont de la signature d’un contrat de travail, le recrutement d’un coureur encore amateur par une équipe professionnelle est un élément décisif pour son entrée dans le circuit professionnel. Nous nous sommes donc attacher à décrire comment les cyclistes évoquent les conditions dans lesquelles ils ont été engagés. Pour répondre à cette thématique, nous nous sommes appuyés sur le modèle théorique proposé par Eymard-Duvernay et Marchal (1997) relatif au jugement des compétences sur le marché du travail. Ces deux auteurs distinguent plusieurs formes de recrutement qui mettent en jeu une variation de jugements de la part des recruteurs. Dans le cas présent, ce rôle est endossé par un directeur sportif ou un manager d’une équipe. Ces différents régimes d’actions ont une cohérence propre dans la capacité du directeur sportif à recruter un coureur amateur. Certains acteurs de notre corpus sont devenus directeurs sportifs une fois leur carrière professionnelle terminée. Guimard (1980), Geminiani (1973), Magne (1968) Roussel (2001) évoquent le métier de directeur sportif dans leurs récits. Leurs expériences respectives nous permettent de mettre en présence une variation de point de vue sur ce sujet.

Contrairement à la majorité des professions, il n’existe pas d’offre d’emploi pour candidater à un poste de coureur cycliste. Le mode de jugement des compétences du milieu professionnel fait appel à un dispositif de concurrence basé sur la mise en équivalence des résultats sportifs des coureurs encore amateurs. Au départ d’une course, chacun des concurrents peut légitimement prétendre à remporter la victoire. Ce bien en soi, basé sur l’équité sportive, est défini par un ordre hiérarchique (être le meilleur du peloton) qui est perpétuellement remis en cause à chaque compétition. Dès lors, un cycliste amateur qui s’attache à respecter cet état de grandeur (Boltanski & Thévenot, 1991), met tout en œuvre pour étoffer son palmarès. C’est sur ce registre d’aptitudes, basé sur les compétences physiques, que le coureur va être recruté. Dans l’attente d’éventuels contacts provenant du milieu professionnel, le cycliste va donc essayer d’optimiser son palmarès sportif, « véritable fond de commerce du coureur » (Marchand, 1963), qui constitue le seul élément tangible de comparaison dans un dispositif de concurrence que Eymard-Duvernay et Marchal appellent le marché. Le directeur sportif endosse alors le rôle de sélectionneur. A première vue, l’action du directeur sportif consiste essentiellement à acquérir des informations sur les cyclistes prometteurs lorsqu’il décide d’engager de nouveaux professionnels. Le modèle de l’institution met l’accent sur la stabilité des qualifications à travers le registre des statuts sociaux tels que les diplômes. Le recrutement ne s’opère pas par rapport au niveau scolaire. Dans notre étude, le terme qualification, pris dans le sens défini par les auteurs se réfère aux qualités et aux caractéristiques physique du coureur. Dans le milieu, on parlera de grimpeur, de routier, de sprinteur, de rouleur. Le choix du directeur sportif est alors porté sur la cohérence et l’équilibre de son équipe et en fonction des objectifs de saison. Cependant, le directeur sportif ne peut se contenter de définitions figées des qualifications données aux coureurs. Il va donc convoquer une autre forme de jugement pour son recrutement. Son rôle au sein de l’équipe professionnelle ne lui permet pas de consacrer le temps nécessaire à rechercher de nouvelles recrues. Dans les récits étudiés, nous voyons apparaître l’importance du staff technique qui l’entoure pour ainsi réduire les incertitudes sur les aptitudes d’un cycliste et conforter les compétences sous-jacentes révélées par le dispositif de mise en équivalence au marché.

« À l’époque, il était masseur dans l’équipe X. Donc moi, je m’étais rapproché de lui. Il me connaissait, il avait un peu suivi mes résultats [...] grâce aux contacts que j’avais avec le masseur de [l’équipe X], lui, il en parle à Y [le directeur sportif]. » (coureur 3, 2006)

L’utilisation de ce réseau, représente un gain de temps pour le directeur sportif, car il ne prospecte pas l’ensemble des coureurs amateurs, il s’en tient aux conditions les plus immédiatement accessibles. Le réseau a l’avantage de faire circuler les points de vue, parfois intuitifs, en leur donnant une certaine cohérence. Cette façon de convoquer les meilleurs coureurs mobilise, par un tissage relationnel, le réseau dès le milieu amateur. Celui-ci se répartit suivant deux sous-réseaux distincts. Le premier correspond à un réseau que nous nommons « fédéral ». Dans la phase de recrutement, les directeurs sportifs font appel soit aux pôles de formation régionaux, ou bien directement aux encadrements des équipes de France amateur.

Donc, eux, les équipes professionnelles ne suivent pas trop les résultats des équipes amateurs. Donc lui, il avait appelé le sélectionneur de l’équipe de France et il lui avait demandé deux ou trois noms de bons grimpeurs en France. (coureur 2, 2006)

Le second s’apparente à un réseau privé. En effet, les cyclistes de notre corpus évoquent leurs passages dans les équipes amateurs dites de « réserves » des structures professionnelles.

« Et l’année d’après, j’ai intégré le club d’CA1 (club amateur). C’était une grosse équipe de la région qui était aussi une réserve de [l’équipe X] à l’époque » (coureur 1, 2005) « C’est pareil, à CA2, il y avait une équipe première qui était la réserve de X [équipe professionnelle] » (coureur 2, 2006)

Lorsqu’un directeur sportif choisit une nouvelle recrue, il engage une épreuve au sens pragmatique. Afin de statuer sur les incertitudes de son choix, il fait appel à plusieurs régimes d’action tel que le marché ou le réseau afin d’assurer son jugement. Lorsqu’une incertitude subsiste, il peut aussi mobiliser un dispositif de face à face en donnant la possibilité de convoquer l’éventuelle recrue pour un stage avec son équipe. Cette interaction lui permet d’être attentif et de saisir les compétences émergentes en marge des aptitudes physiques comme la bonne intégration à l’équipe.

La phase de recrutement du cycliste amateur s’achève par la signature de son premier contrat professionnel.

I.2 La signature du premier contrat.

Le cycliste devient « professionnel » dès qu’il signe un contrat au sein d’un groupe sportif. Il obtient alors le statut de néo-professionnel qui lui garantit, par obligation fédérale, d’évoluer dans le peloton professionnel au moins pendant deux ans Ce point d’inflexion qui concrétise officiellement le début d’une nouvelle identité sportive est souvent décrit dans les récits comme l’aboutissement d’un rêve et de nombreux sacrifices. Dès cet instant, les cyclistes sont amenés à répondre rapidement aux sollicitations des équipes qui les convoquent. Nous avons analysé des prises de paroles qui associaient des formes de logiques contractuelles et financières (comme contrat, salaire, etc.) en tenant compte de certains marqueurs temporels (premier, maintenant que, depuis que, etc.). Ce type d’énoncés pointe sur la description de situations de précipitations où l’événement prend le pas sur la réflexion des coureurs. Ainsi, les enjeux du contexte de la signature amènent bien souvent les acteurs à ne pas intervenir sur la question des conditions salariales.

« Donc lorsque je suis allé le signer, je ne savais même pas ce qu’il allait me donner. Dans ma tête je signais mon contrat pro et voilà c’est tout. Je ne savais rien d’autre...Le salaire, à la rigueur, peu importe l’importance, c’était de passer pro. Après, l’argent, si tu arrives à être un bon pro après, tu peux gagner de l’argent. Mais l’important, c’était de signer. C’était tellement déjà des sacrifices » (coureur 2, 2006)

« Je ne savais même pas ce que c’était qu’un contrat comme ça. Franchement, je ne l’ai pas trop étudié. Je suis arrivé dans le bureau, il y avait le manager, il y avait le directeur sportif. On te propose, tu lis et voilà ... Tu découvres par toi-même le milieu. Tu as signé mais tu ne sais pas où tu vas. » (coureur 1, 2005)

Ces premiers contrats donnent un sens à la vie professionnelle. Les coureurs quittent le statut précaire de la structure des amateurs et accèdent à un nouveau système de rémunération. Véritable élément de rupture entre le monde professionnel et celui des amateurs, le contrat est décrit par les acteurs comme le basculement décisif pour réellement connaître ce métier.

II Le jeu des cyclistes face à leur contrat de travail

A travers notre panel de récits, compte tenu des conditions draconiennes de l’exercice du métier de cycliste, nous avons pu constater que la carrière d’un coureur cycliste excède rarement une dizaine d’années. Dans ce laps de temps, les sportifs vont tenter de mettre à profit leurs compétences physiques pour se garantir un salaire décent. Certains coureurs rentrent alors dans un jeu à double tranchant. Celui-ci consiste à favoriser la signature de contrat extrêmement court d’à peine un an ou deux afin de renégocier les clauses salariales avec leurs employeurs ou une autre équipe en fonction des résultats sportifs obtenus ou des bons services rendus à l’équipe. Mais cette logique financière précarise la carrière des cyclistes.

« Tu ne sais pas ce que tu fais. C’est tendu. Donc tous les ans, tu renégocies, suivant un résultat si tu as un pépin ou pas. C’est le métier qui est comme ça » (coureur 3, 2006)

Au terme de ce contrat, le cycliste entre dans une phase plus ou moins longue de renégociation salariale avec son actuel employeur ou un autre groupe sportif. En fonction des résultats obtenus au cours de la saison, celui-ci va tenter de mettre à profit son palmarès, son ancienneté comme des éléments justificateurs à une augmentation salariale. Ce jeu de négociation peut amener pour certains cyclistes à doubler leur salaire d’une saison à l’autre.

« Donc là, l’équipe X1 pouvait me donner 20 000 F par mois. Sur le coup, ma victoire au WW (course) me permettait de faire le Tour de France [...]. Pareil, je commençais à avoir d’autres contacts j’ai eu d’autres contacts avec X2, qui voulait me prendre. Donc moi, j’avais déjà signé un contrat et puis en même temps, X3 qui me demandait de rester pour l’année d’après. Donc là, c’était vraiment un peu complexe, complexe. [...] X2, il me proposait un contrat de 50 000 F par mois. Et du coup, X1 ont dit : bon on fait un gros effort, on te fait signer à 45 000 F bruts par mois sur deux ans et toi, tu fais un petit effort. [...] Après de grosses discussions, j’ai signé à 45 000 F bruts par mois sur deux ans pour l’année 2000 et l’année 2001. (coureur 2, 2006)

« J’ai conclu mon premier contrat, pour un an, chez Festina directement après l’entrevue avec M. Rodriguez, dans une chambre d’hôtel. C’était un véritable marchandage, il nous prenait l’un après l’autre, et l’on discutait tous les points à bloc. Cela avait été très dur à supporter. J’ai signé à trois heures du matin ". Point positif : son salaire avait été doublé ! » (Virenque, 2002)

Mais le recours aux CDD de courte durée devient dangereux quand le cycliste ne répond pas aux attentes de son employeur. Celui-ci n’hésitera pas à négocier le salaire à la baisse ou dans le pire des cas à le limoger. Et en fin de saison, ils n’ont pas renouvelé son contrat, faute de résultats. (Gaumont, 2005)

Les aléas de la course impliquent bien souvent des blessures plus ou moins graves au cours d’une saison. L’état physique du coureur et les conditions pour qu’il revienne à son niveau initial peuvent induire une pertede salaire lors de la renégociation du contrat.

« On propose un contrat où mon salaire est divisé par deux. Et puis moi, je me prends pour le champion du monde et je demande 40 000 F, je refuse et j’ai dû trouver une autre équipe » (en parlant de sa fracture du bras) (Coureur 1, 2005)

Dans ce jeu au niveau des salaires, les coureurs dénoncent l’instabilité des équipes qui à leurs yeux favorisent ce type de pratique. Le turn-over relativement important des sponsors n’assurent pas la pérennité des équipes. Les régimes d’actions qu’opèrent un directeur sportif lorsqu’il réalise un recrutement ou un renouvellement de contrat dépendent dans un premier temps d’une forte contrainte économique. Véritable chef d’entreprise, le directeur sportif doit gérer le budget de son équipe. Cependant, la pérennité de celle-ci ne dépend pas uniquement d’une bonne gestion économique, ni même des résultats obtenus pas les coureurs mais de la volonté du sponsor à continuer de financer l’équipe. Cette décision peut être prise à long terme sous forme de contrat qui peut à tout moment s’arrêter. Dès lors, les cyclistes savent qu’ils ne sont pas à l’abri de se retrouver potentiellement sur le marché des transferts à la fin de la saison et dans le pire des cas au chômage.

« L’esprit d’équipe avait disparu, l’équipe n’allait pas lui survivre bien longtemps : la formation a disparu avant l’été. Plusieurs malchanceux se sont retrouvés au chômage. » (Basson, 2000)

« Simplement, les deux équipes qui furent les miennes à cette époque, Le Groupement puis Force Sud, firent faillite, proprement, consciencieusement, l’une après l’autre, comme si elles s’étaient donné le mot, me laissant à chaque fois sur le pavé plus ou moins tôt dans la saison. Ce chapitre est banal. C’est juste l’histoire d’un type qui a des ennuis avec ses employeurs. » (Bourguignon, 2000)

III « Tout Faire » pour renouveler un contrat

Dans cette dernière partie, nous analyserons les procédés par lesquels les acteurs s’efforcent de résoudre les aléas concernant le renouvellement des contrats de travail. En d’autres termes, nous chercherons à recenser les différentes formes de régimes d’action mis en place par les cyclistes pour répondre à l’incertitude de leur emploi.

A l’analyse du corpus, certains cyclistes font ressortir les relations qu’ils entretiennent avec leurs leaders respectifs. Le dévouement au leader est alors reconnu comme un critère de qualité aussi bien pour les leaders que pour les coureurs. Le cycliste doit alors accepter de jouer le rôle du simple coéquipier modèle au service de son leader et finir les courses parmi les anonymes du peloton. Les sportifs se qualifient eux-mêmes de « porteur de bidon », de « grégario », de « fidèle lieutenant ». Cette façon de « faire le métier » se caractérise par l’abnégation et l’ingratitude des tâches qui leur incombe. L’importance du rôle hiérarchique d’un leader dans une équipe pèse sur la sélection des équipiers et indirectement sur le renouvellement éventuel du contrat.

« Ces gars sont comme des cobayes, ils testent tout : les vélos, les roues, les fourches, parfois même les produits dopants. Ils font cela dans l’espoir que les leaders les prendront dans leur équipe, leur trouveront un contrat. » (Gaumont, 2005)

« Je n’ai pas oublié Piazza, Martini, Baroni, Pedroni entre autres qui, en tête du peloton, menaçaient ouvertement les autres Italiens qui voulaient mener la chasse. Ils le déclaraient tout net : « Nos patrons (Coppi et Magni) sont en train de gagner le Giro. Avis à ceux qui veulent des contrats, à ceux qui veulent de l’embauche pour la saison prochaine. Ceux qui n’obéiront pas iront se faire inscrire au chômage ! » (Geminiani, 1963)

Le jeu de contraintes sur la perspective professionnelle du coureur est alors ambivalent puisqu’il sacrifie son propre palmarès au profit de la réussite de son leader. Hormis la fierté d’avoir gagné une course, l’importance que revêt une victoire en termes de renégociation de contrat ou de popularité n’est donc pas négligeable. La question des contrats amène certains coureurs à dénoncer l’aspect pervers de ce système qui les incite en quelque sorte à courir pour leur propre carrière au détriment de leur équipe.

« Le cyclisme est un univers de contractuels : on y trouve une foule de coureurs capables de s’économiser en douce et de courir pour eux-mêmes plutôt que pour leur équipe, avec leurs propres contrats pour unique souci. » (Armstrong, 2003)

Certains sont capables d’accepter de signer un contrat en dessous de leur valeur sportive estimée.

« Le Français n’a cessé de me rabaisser : « Notre budget est déjà bouclé. Et puis, en 1992, tu n’as pas réalisé de résultats. » Lorsque nous avons parlé salaire, il m’a proposé 50 000 francs suisses pour toute l’année : plus de dix fois moins que Festina une année auparavant, alors que je ne demandais pas plus de 6000 francs par mois. Manifestement, il voulait réaliser une « bonne affaire » et il savait bien qu’il pourrait m’imposer ses conditions, même si elles étaient indécentes. » (Richard, 2001)

Le système actuel engendre pour certains coureurs le recours des pratiques illicites. Dans leurs témoignages, les sportifs évoquent des arrangements financiers organisés autour de l’achat de courses. Ces pratiquent pervertissent la légitimité de l’épreuve en suspendant l’incertitude du résultat et l’équité sportive. La contrainte de précarité est l’un des modes opératoires de justification pour évoquer ce type de pratique. La question de vendre ou acheter une course porte ainsi à polémique puisqu’elle pose une réelle ambivalence pour les cyclistes. Ils ont conscience qu’ils transgressent un principe moral en ne respectant pas l’équité de l’épreuve tout en dupant dans le même temps les profanes qui ne s’attendent pas à ce que les valeurs sportives soient bafouées par les acteurs eux-mêmes. Les sportifs se trouvent tentés par l’achat de courses afin de s’assurer les meilleurs résultats leur garantissant la prolongation de leur carrière professionnelle par la signature d’un nouveau contrat. Ils considèrent, par ailleurs, que la négociation d’une victoire est l’une des manières possibles de « faire le métier » afin de se maintenir dans le milieu.

« Le public s’étonne souvent de ces conciliabules en pleine course. Les commentaires fusent derrière la ligne d’arrivée, on s’offusque, on parle de magouilles - et le sujet est tabou. C’est injustifié. Tout simplement parce que cette pratique fait partie des stratégies du métier. » (Richard, 2001)

Sans s’étendre sur la question du dopage, certains cyclistes dénoncent le jeu de contraintes des contrats de travail comme un élément justificateur du recours à une pratique dopante.

« Mais ceux qui avaient bossé pour moi pendant quatre semaines, sans voir l’ombre d’une victoire, eh bien eux, ils devaient continuer à « bourrer le canon » jusqu’à ce qu’ils obtiennent un résultat. Bourrer le canon jusqu’au Tour pour espérer gagner un truc, sinon recommencer, pendant tout l’été, dans le but de décrocher un contrat. » (Gaumont, 2005)

CONCLUSION

Au terme de ce travail, nous avons montré que les acteurs appréhendent la question des contrats de travail comme un élément décisif pour décrire leur métier. L’étude de récits, à travers des biographies de coureurs cyclistes, nous a permis de mettre en variation l’ensemble des discours à propos de l’aspect contractuel. Dans cette perspectives nous avons vu que les cyclistes sont amenés à articuler plusieurs impératif, notamment juridiques en tenant compte d’un ensemble de jeux de contraintes inhérentes à leur profession. Ce contexte d’incertitudes vis-à-vis de leur avenir professionnel les pousse à entrer dans un jeu où gain financier et précarité sont étroitement liés. Notre lecture du cyclisme professionnel qui met en relation les contraintes des acteurs et les modèles d’actions et de jugements nous a permis de décrire les modalités pesant sur les cyclistes pour étudier la manière dont ils subissent et gèrent les impératifs de leur métier.

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