Auteur : Hélène Joncheray

Le sujet que je vais aborder aujourd’hui est celui du rugby féminin et de la dangerosité. J’ai volontairement choisi ce mot dangerosité, et non pas le mot violence, en réaction à ce que la plupart des joueuses entendent lorsqu’elles disent pratiquer le rugby : "Et ça n’est pas dangereux ?". Il est vrai qu’à la simple évocation de la pratique du rugby, de nombreux individus pensent danger. Pratiqué par les femmes, le lien semble d’autant plus solide. Mais, au-delà des représentations, quels sont les indicateurs fiables qui peuvent être utilisés par le chercheur pour établir qu’un sport est plus violent qu’un autre ? Quels sont les éléments supplémentaires qu’il a à sa disposition pour que son point de vue dépasse celui d’un simple spectateur assis dans les tribunes d’un stade, ou encore celui d’un joueur prêt à plaquer un adversaire (eux-mêmes influencés par leur propre perception, le contexte socioculturel, les enjeux du moment) ? Il me semble que l’un des indicateurs les plus précis que l’on ait à notre disposition soit celui des blessures corporelles, et plus précisément dans le cas d’une pratique en club, les déclarations d’accidents. Dans cette logique, je vais commencer par un premier résultat qui va a l’encontre d’idées reçues, qui nous montre qu’en neutralisant la variable du nombre de pratiquants, le rugby est moins "accidentogène" que le cyclisme ou l’équitation (Luc Collard, 1997). A titre indicatif, la FFR annonçait 16 000 accidents pour 250 000 pratiquants en 2007.