Auteur : Cazal Julien (Doctorant STAPS Laboratoire Sport Organisation Identité EA 3690 Université Paul Sabatier Toulouse 3)

La prise en charge institutionnelle des maladies cardiovasculaires constitue aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur. Dans les pays occidentaux, l’expression la plus courante est la maladie coronaire ou athérosclérose, dont les complications pouvant être multiples (infarctus, AVC,...) constituent la première cause de mortalité en France et dans le monde (OMS). La survenue de telles complications est notamment favorisée par la présence de facteurs de risques au rang desquels figurent d’une part les facteurs de risque biologiques tels que la dyslipidémie, l’hypertension artérielle ou encore le diabète de type 2 et, d’autre part, les facteurs de risque comportementaux ayant trait aux pratiques socioculturelles de l’individu (tabagisme, alimentation « trop grasse » ou « trop sucrée », sédentarité). Dans la mesure où la maladie se constitue au fil du temps, souvent de façon infra-clinique c’est-à-dire indétectable en l’absence de dépistage ou de surveillance médicale adaptée, la prévention constitue le moyen idéal -sinon privilégié- de limiter le risque d’apparition de telles complications. C’est cette entreprise du corps médical visant à encadrer et à réguler le risque (cardiovasculaire) qui sera analysée ici à travers les différentes étapes de la prise en charge du patient (dépistage, diagnostic), et dont nous discuterons les modalités et les implications sur le travail médical et la relation de soin. L’analyse des échanges entre soignants, ainsi que des relations soignants-soignés, s’inspire ici des travaux d’Anselm Strauss (Strauss, 1992 ; Corbin et Strauss, 1998) en privilégiant une perspective interactionniste et une analyse qualitative des phénomènes observés. Ce travail s’appuie méthodologiquement sur une enquête de type ethnographique au sein d’un service de dépistage et de prévention des facteurs de risque cardiovasculaires. Des observations ont été menées jusqu’à présent sur une trentaine de journées de dépistage et nous ont permis de suivre le parcours de plusieurs patients en prenant part aux consultations, aux examens cliniques ainsi qu’aux séances d’éducation thérapeutique parfois indiquées à l’issue de ces journées. Dans un premier temps, nous avons pu éclaircir la nature (rôles et enjeux) d’un dispositif spécialisé dans la gestion du risque à la fois individuel (hospitalisation de jour et consultation classique) et collectif dans la mise en œuvre de protocoles d’essais cliniques ou encore de questionnaires épidémiologiques à grande échelle faisant partie intégrante du processus diagnostique chez le patient.