Auteur : Bertrand
En matière de football professionnel, l’évocation journalistique ou académique de la violence renvoie presque systématiquement aux comportements agressifs et aux échauffourées qui prennent place dans les gradins. Qu’il s’agisse des tribunes, voire parfois du jeu, le terme est mobilisé par décrire des dysfonctionnement, des « dérives » qui enfreignent les normes sportives. Il n’y aurait donc « violence » que lorsque la règle est subvertie, que lorsque les évènements rompent avec le fonctionnement normal de l’activité. Or, comme le rappelle Charles Suaud, « avant d’être une « dérive », la violence est une partie constitutive du sport » puisque celui-ci se caractérise par l’articulation contradictoire de « l’engagement dans un rapport de force physique et mental a priori sans retenue » et « le respect de règles dûment établies » (Suaud, 2008). Il existe donc une violence intrinsèque à la pratique sportive, une violence régulée qui tend à être invisibilisée par des représentations historiquement constituées qui font du sport une pratique « saine » et éducatrice.