COLLOQUE « Le sport transformé en événement : usages politiques et pouvoir symbolique »

Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme d’Alsace Strasbourg - 14 et 15 janvier 2010

Ce colloque est organisé par l’Equipe de recherche en sciences sociales du sport (EA 1342) de l’Université de Strasbourg, en partenariat avec l’Association française de sociologie (RT34) et la Société française d’histoire du sport.

Il s’intéresse à l’analyse des usages et profits politiques du sport dans le contexte de la médiatisation du fait sportif, que l’on peut faire remonter aux années 1930, en particulier aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, et qui s’est accélérée dans les années 1960 avec la démocratisation de la télévision. La médiatisation du sport a contribué à développer de façon considérable la pratique sportive, mais elle a également eu pour effet de la transformer. Notamment, elle a rendu le sport plus spectaculaire, condition nécessaire à l’accumulation des profits économiques et symboliques qui y sont liés. La multiplication des « événements sportifs » médiatisés, qu’ils soient locaux, nationaux ou internationaux, a également modifié les usages politiques du sport. Le principe même d’affrontement sportif met en scène les sportifs en tant que « représentants » d’une ville, d’un pays, d’un régime, d’une marque (un constructeur automobile par exemple). Des maires, des ministres, des chefs d’Etats assistent volontiers aux événements sportifs qui engagent « leur » territoire. Ils les financent d’ailleurs en partie, les dirigent plus ou moins directement, y imposent leur marque.

Par le passé déjà, le sport a été utilisé par les Etats comme fer de lance d’une compétition entre nations. Mais si l’on stigmatise souvent l’utilisation du sport par les régimes totalitaires, il ne faudrait pas que ces exemples occultent l’instrumentalisation ordinaire, les usages politiques variés que les Etats démocratiques font, eux aussi, du sport. Cette mainmise des Etats ou des pouvoirs territoriaux sur le sport, dont la teneur et l’intensité varient selon les époques, ressurgit périodiquement dans les consciences lorsque ce sont des acteurs inattendus qui instrumentalisent l’activité à des fins politiques : quand des spectateurs sifflent l’hymne national, quand des sportifs lèvent le poing ou boycottent des épreuves, quand des supporters font le salut nazi devant les caméras braquées sur les tribunes... Il est même arrivé qu’une rencontre sportive ait été présentée comme le symbole d’une possible réconciliation entre des peuples que des décennies de diplomatie internationale n’ont su construire, ou que la couleur de peau des joueurs d’une équipe nationale victorieuse ait été portée au rang de symbole de la réussite d’un idéal d’intégration de tout un pays.

La médiatisation et la spectacularisation du sport contribuent à remplir ses arènes. Elles provoquent des comportements que la seule pratique sportive n’aurait certainement pas engendrés, aussi bien du côté des spectateurs et des supporters (avec leurs organisations très diverses) que de celui des sportifs, aussi bien du côté des journalistes et des commentateurs que de celui des personnalités politiques.

Ainsi l’évolution des rapports entre le champ politique et le monde sportif a montré la force des liens qui les unissent depuis longtemps, et que des effets proprement médiatiques contribuent encore à renforcer. Malgré l’évidence de ces liens, nombreux sont pourtant les acteurs politiques et les représentants des institutions sportives qui continuent à nier le caractère politique du sport et l’utilisation qui peut en être faite, allant même jusqu’à développer périodiquement des tentatives de dépolitisation du sport.

Ce sont ces diverses figures des relations entre sport et politique dans le contexte de sa médiatisation que ce colloque souhaite mettre en lumière, grâce à un regard pluridisciplinaire, centré autour des approches sociologiques et historiques. D’une manière plus générale, il invite à réfléchir à la transformation du sport en un événement susceptible de renforcer la doxa politique.

Comité scientifique

Au titre de l’EA 1342 : Coordination : André Gounot, MCF (HDR) en STAPS (histoire du sport) et Michel Koebel, MCF en STAPS (sociologie du sport). Ainsi que : William Gasparini, PU en STAPS (sociologie du sport), directeur de l’EA, et Denis Jallat, MCF en STAPS (histoire du sport).

Au titre de l’Association Française de Sociologie - RT34 (sociologie politique) : Laurent Willemez, MCF en sociologie, Université de Poitiers, coresponsable du RT34.

Au titre de la Société Française d’Histoire du Sport : Thierry Terret, PU en STAPS (histoire du sport), directeur du Centre de recherche et d’innovation sur le sport, Université de Lyon 1.

Autres membres du comité : Vincent Dubois, PU en science politique et sociologie, membre de l’Institut universitaire de France ; Gérard Mauger, DR en sociologie, chercheur au Centre de sociologie européenne, Paris ; Gérard Noiriel, DR en histoire à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris ; Sylvain Schirmann, PU en histoire contemporaine, directeur de l’Institut d’études politiques de Strasbourg ; Serge Wolikow, PU en histoire contemporaine, directeur de l’Institut d’histoire contemporaine et de la Maison des sciences de l’homme de Dijon.

Comité d’organisation

Equipe de recherche en sciences sociales du sport (EA 1342) : Denis Jallat et Michel Koebel (coordination) avec Guillaume Erckert, Yolande Harster, Sandrine Knobé, Rémi Sarot, et les étudiants du Master « Expertise des APS » de l’UFR STAPS de Strasbourg.

LE PROGRAMME COMPLET ET LE BULLETIN D’INSCRIPTION (avant le 20 décembre 2009) est disponible à l’adresse suivante : http://ea1342.unistra.fr/ Il est également téléchargeable ci-dessous.